Le Journal Officiel de ce vendredi offre une bonne raison de se réjouir. Il annonce qu’en France, l’accès aux traitements contre l’hépatite C va s’élargir, permettant à des milliers de patients qui restaient privés de médicament de pouvoir se soigner. Un arrêté publié ce jour ouvre ainsi la possibilité de prescrire du Exviera et du Viekirax aux patients atteints d’hépatite C, quelque soit le stade de leur maladie.
Pour mesurer l’avancée que représente ce texte, il faut revenir sur les difficultés que rencontrent les patients confrontés au VHC. Le virus se caractérise par des génotypes différents (six principaux), qui exigent une réponse médicamenteuse elle aussi différente.
La fin du rationnement
Des traitements existent pour tous les génotypes, mais leur prix exorbitant a conduit les autorités à les rationner pour les réserver aux personnes qui présentent un stade de fibrose hépatique avancé (à partir de F2). Résultat : les patients atteints des formes les moins graves (F0 et F1) ne pouvaient prétendre à la guérison.
En janvier, suivant les recommandations de la Haute Autorité de Santé, et après avoir négocié un prix décent avec le laboratoire Merck, le gouvernement a rendu le Zepatier accessible à tous. Le médicament, efficace sur le génotype 1B et 4, est désormais indiqué pour les tous les patients, avec ou sans fibrose (accès universel).
Aujourd’hui, une nouvelle étape a donc été franchie. Les deux médicaments, Exviera et du Viekirax, émanent du laboratoire AbbVie, avec lequel le CEPS (Comité Economique des Produits de Santé) est parvenu à fixer un prix. Ces traitements sont efficaces sur les génotypes 1 et 4 et bénéficieront d’un accès universel.
Près de 30 000 euros
Selon un communiqué du laboratoire, le prix de ces antiviraux à action directe « sera le plus accessible du marché » pour les génotypes 1 et 4. Il coûtera 28 730 € pour 12 semaines de traitement d’Exviera et de Viekirax pour les patients présentant un génotype 1. Pour les patients G4 (génotype 4), le prix s’élève à 26 432 €.
L’arrêté ministériel assouplit également les conditions de prescription de ces médicaments. Désormais, les médecins n’auront plus à passer devant une Réunion de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) à chaque initiation de traitement, comme c’était le cas pour tous les traitements anti-VHC. Seules les prescriptions concernant les cas les plus graves d’hépatite C devront faire l’objet d’un passage en RCP.
Petit bémol
Dans le milieu des hépatologues, qui bataillent pour offrir ces traitements à leurs patients, l’enthousiasme est palpable. « Excellente nouvelle ! se réjouit ainsi Victor de Lédinghen, chef du Service d’Hépato-Gastroentérologie au CHU Bordeaux. Désormais, en France, on pourra traiter tous les patients qui ont un génotype 1, 3 et 4, quelque soit leur stade de fibrose ». Ces trois génotypes représentent l’écrasante majorité des cas d’hépatite C.
Mais il y a un mais. Une troisième marche, qu’il convient de gravir pour rendre l’accès aux traitements effectivement universel, comme l’a promis en mai dernier Marisol Touraine. En effet, les patients qui présentent un génotype 2, 5 ou 6 avec un stade de fibrose non avancé (FO ou F1) restent toujours privés de médicament. Des négociations avec Gilead sont en cours afin de rendre l’Epclusa disponible pour tous. Alors, l’accès universel aux traitements contre le VHC sera bel et bien garanti dans l’Hexagone.