VIH et diabète. L’association est malheureuse, mais elle existe. Le trouble métabolique est plus présent chez les personnes séropositives par rapport à la population générale. C’est ce que montre une étude menée en partie par les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies. Publiée dans le BMJ Open Diabetes Research & Care, elle souligne l’importance de se pencher davantage sur les comorbidités de l’infection au VIH.
La part de diabétiques chez les séropositifs est 4 % plus élevée qu’en population générale. Pour parvenir à ce chiffre, les chercheurs ont comparé l’état de santé de 8 600 personnes infectées par le VIH à celui de 5 600 personnes en bonne santé, représentatives de la population américaine. Le résultat est clair : 8 % des Américains présentent un diabète. Chez les séropositifs, cette proportion grimpe à un peu plus de 10 %.
Des patients plus jeunes
Obésité et âge sont, sans surprise, des facteurs de risque majeur. Mais même en leur absence, le trouble métabolique est plus présent. C’est particulièrement le cas chez les femmes. « La comparaison avec la population générale américaine adulte montre que les séropositifs ont plus de diabète, à des âges plus jeunes et en l’absence d’obésité », expliquent les auteurs. Une association particulièrement solide qui se renforce avec les années passées avec le VIH ainsi que le nombre de lymphocytes T CD4 restants.
Les chercheurs reconnaissent que ce résultat doit être confirmé, notamment afin de définir l’origine de cette surreprésentation. Ils recommandent des travaux approfondis dans un objectif précis : déterminer si le VIH doit être considéré comme un facteur de risque à part entière. Cela modifierait, en effet, une part non négligeable du champ de la prévention.
Des effets secondaires ignorés
Si l’équipe américaine se montre prudente, ça n’est pas le cas de tout le corps médical. Dès 2005, Cecilia Yoon – de l’université Cornell (Etats-Unis) – prend position en faveur d’une surveillance régulière de la glycémie à jeun chez les patients sous inhibiteurs de protéase ou présentant une lipodystrophie – effet secondaire de certains médicaments anti-VIH.
Elle développe son raisonnement dans la revue de la Fédération Internationale du Diabète. Un conseil repris par les militants d’Act-Up Paris qui avancent un chiffre autrement plus inquiétant : le risque de diabète serait multiplié par quatre chez les personnes qui vivent avec le VIH.
Cette association pourrait tirer sa source dans les traitements qui permettent de maîtriser l’infection avec une haute efficacité. Plusieurs études ont suggéré que les antirétroviraux pourraient favoriser l’émergence d’un diabète de type 2, notamment chez les femmes à risque génétique. Mais l’impact des traitements sur le virus pourrait avoir un prix plus élevé que prévu : celui de la résistance à l’insuline et d’une inflammation chronique. Des travaux suggèrent en effet que certaines classes – comme les inhibiteurs de la protéase – augmentent la probabilité de développer un diabète en l’absence d’obésité et à un âge jeune.
Ces éléments soulignent « le besoin d’évaluer en permanence les autres facteurs de risque de diabète chez les personnes séropositives », concluent les auteurs de cette étude. Il faudra aussi mieux appréhender l’impact des traitements sur la production d’insuline et le contrôle du glucose.