Elle est réputée pour ses propriétés anesthésiantes et antalgiques. Mais pas seulement… Dans les festivals ou les clubs, la kétamine fait fureur. Venue d’Angleterre, la tendance à consommer de la « kéta », ou de la « ké », s’est bien installée en France, dans le milieu festif confidentiel tout comme dans les établissements grand public.
Pour éviter le détournement de ce produit, originellement destiné à la médecine humaine et vétérinaire, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a décidé d’inscrire les préparations injectables de kétamine sur la liste des stupéfiants.
Abus et trafic
« Ceci fait suite à une augmentation de son usage à des fins récréatives et du nombre de cas d’abus. Les signalements de trafic de kétamine sont également en hausse », précise l’agence.
En effet, depuis plusieurs années, l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants (OICS) attire l’attention des Etats sur l’abus et le trafic international de kétamine. L’Organisation des Nations Unies (ONU) a de son côté voté plusieurs résolutions pour renforcer son contrôle de cette substance.
En France, la kétamine est utilisée comme anesthésique pour l’homme et l’animal. Les spécialités à usage humain sont réservées à l’usage hospitalier, ou à l’utilisation dans des situations d’urgence. L’administration des spécialités à usage vétérinaire est réservée exclusivement aux vétérinaires et la délivrance de ces spécialités est interdite au public.
Des freins trop limités
« Les premiers cas d’abus de kétamine ont été signalés en 1992 », rappelle l’ANSM. Depuis, le produit fait l’objet d’une surveillance qui a conduit en 1997 à l’inscription sur la liste des stupéfiants de la kétamine et de ses sels, en tant que substance. Les préparations injectables de kétamine sont restées inscrites sur la liste des produits disponibles sous ordonnance, sans autres restrictions.
Les abus se poursuivant, les préparations injectables ont été soumises à d’autres restrictions, qui figurent parmi la réglementation des stupéfiants. Parmi elles, l’obligation, dès 2001, de déclarer un vol et de stocker les produits dans des armoires, ou des locaux, fermés à clef.
Mais ce n’est toujours pas assez. « Le dernier bilan d’addictovigilance a montré une augmentation du nombre de cas d’abus recueillis par le réseau des CEIP* depuis 2002 », écrit encore l’ANSM.
Un risque mortel
L’abus de kétamine est responsable de signes cliniques parfois graves pouvant conduite à une hospitalisation et au décès (convulsions, hypertension artérielle sévère, troubles du rythme cardiaque, dépression respiratoire, arrêt respiratoire, perte de connaissance, akinésie transitoire, hallucinations...). Chez des consommateurs chroniques, des complications urologiques sont d’autre part décrites dans la littérature.
Compte-tenu du potentiel d’abus et de dépendance de la kétamine et des données du dernier bilan d’addictovigilance, le Ministère des Affaires sociales et de la Santé a décidé d’inscrire les préparations injectables de kétamine sur la liste des substances classées comme stupéfiants par arrêté en date du 19 janvier 2017. La mesure sera applicable le 24 avril 2017.
A compter de cette date, les préparations injectables de kétamine suivront la réglementation applicable aux stupéfiants, à savoir, en plus des parties déjà appliquées, la prescription sur ordonnance sécurisée et la traçabilité des entrées et sorties sur un registre spécial.
* CEIP : Centre d'Evaluation et d'Information sur les Pharmacodépendances