A croire qu’il faut le pire pour faire réagir. Aux Etats-Unis, le pire s’appelle Donald Trump et son pendant est un décret, signé à la hâte sur le coin du Bureau ovale de la Maison Blanche. Un texte anti-immigration qui interdit pour au moins 120 jours l’entrée sur le sol américain aux ressortissants de sept pays musulmans (Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie, Yémen).
La signature de ce décret a plongé le monde et les relations internationales dans la plus grande confusion – ressortissants bloqués aux aéroports, panique des détenteurs de la « Green Card »… - et provoqué un élan général d’indignation. Parmi ces voix révoltées ont raisonné celles des grands patrons de la Silicon Valley, qui ont rappelé que la richesse industrielle de ce pays provient amplement des ressources humaines issues de l’immigration (voir encadré).
Programme de réaction aux catastrophes
D’autres multinationales sont montées au créneau et ont affiché leur volonté de pallier les défauts de la prise en charge des migrants aux Etats-Unis version Trump. Ainsi, le jeune PDG d’Airbnb a annoncé sur Twitter que son entreprise offrirait des logements gratuits « aux réfugiés et à tous ceux qui ne sont pas autorisés à entrer aux Etats-Unis ».
Brian Chesky, 31 ans, invite les personnes en difficulté concernées par le décret Trump à le contacter pour trouver un toit. Selon Reuters, l’entreprise va déclencher son programme de réaction aux catastrophes (attentats, catastrophe naturelle…), qui permet de connecter les hôtes souhaitant offrir leur logement aux populations déplacées ou sinistrées.
Airbnb is providing free housing to refugees and anyone not allowed in the US. Stayed tuned for more, contact me if urgent need for housing
— Brian Chesky (@bchesky) January 29, 2017
Environ 80 % de l’offre d’Airbnb se situe en dehors des Etats-Unis, précise l’agence. L’entreprise possède déjà les moyens d’assurer des logements aux personnes qui se situent dans les zones dénuées d’offres gratuites, a-t-elle assuré.
Une couverture santé assurée
Un autre géant américain a exprimé ses inquiétudes et sa colère à la suite du décret. Le président et fondateur de Starbucks a ainsi pris sa plume pour s’adresser à ses employés : « Je vous écris aujourd’hui avec une profonde préoccupation, un cœur lourd et une promesse ferme ».
Starbucks recrutera 10 000 réfugiés dans les cinq ans, à travers les 75 pays où l’entreprise opère, a annoncé Howard Schultz. Les personnes qui fuient la guerre, la persécution ou la discrimination, ainsi que celles qui ont « servi les troupes américaines en tant qu’interprètes ou personnel de soutien » seront prioritaires, a encore annoncé le président de l’entreprise, qui a supporté Hillary Clinton pendant la campagne.
Par ailleurs, si la couverture médicale mise en place par Barack Obama (« Obamacare ») est supprimée, comme l’a promis Donald Trump, Starbucks s’est engagé à fournir une assurance aux travailleurs éligibles.
Faut-il voir dans ces annonces une simple communication tombant à point nommé, ou un véritable mouvement d’indignation dont les géants de ce monde pourraient prendre la tête, avec leur puissance et leur force de frappe ? Impossible, à ce stade, de trancher, mais il faut convenir d’une chose : Donald Trump a au moins le mérite de pousser chacun dans ses retranchements.
Facebook, Apple, Google… tous migrants
Steve Jobs, fondateur d’Apple : fils d’immigré syrien. Sundar Pichai, PDG de Google : né en Inde. Satya Nadella, PDG de Microsoft : né en Inde. Marck Zuckerberg : issu de l’immigration, comme sa femme et comme des dizaines de millions d’Américains vivant dans ce gigantesque melting-pot que sont les Etats-Unis.
Quelques jours après la signature du décret anti-immigration, les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et les autres entreprises de la Silicon Valley ont affiché haut et fort leur opposition à la philosophie qui sous-tend le texte. Les firmes ont également tenu à rappeler l’impact négatif d’une telle mesure sur leur activité. Selon Reuters, plusieurs géants américains (Google, Airbnb, Netflix…) doivent se réunir dans la journée pour réfléchir à des moyens juridiques de contourner le « Muslim ban » de Donald Trump.