Si le virus Zika fait parler de lui, la recherche, pour le combattre, elle, ne s’est pas pour autant arrêtée. Dans Nature, des chercheurs de l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis) rapportent que leur vaccin expérimental protège quasiment à 100 % des cobayes de laboratoire en une seule dose.
« Nous avons observé une protection immunitaire rapide et durable sans effets secondaires, ce qui nous fait dire que notre vaccin-candidat est une stratégie prometteuse dans la lutte contre le virus Zika, a décrit le Pr Drew Weissman, infectiologue à l’université de Pennsylvanie.
Ce nouveau vaccin développé en collaboration avec l’Institut américain de l’allergie et des maladies infectieuses n’a pas été conçu avec un virus atténué. Comme c’est le cas pour de nombreux autres vaccins anti-Zika en cours de développement. A ce jour, un seul d’entre eux s’est révélé efficace chez l’animal, précisent les auteurs.
Une réponse immunitaire 25 fois plus forte
Ces derniers ont donc choisi une autre voie en utilisant des fragments du virus porteurs de ses caractéristiques génétiques. Chez la souris, ils ont découvert qu’une seule injection de ces molécules induit une réponse immunitaire efficace.
Deux semaines plus tard, les rongeurs ont été exposés au virus Zika, mais aucun n’a présenté de charge virale détectable les jours suivants. Une protection maintenue cinq mois après la vaccination. Les tests effectués chez des singes ont aussi montré qu’une seule dose suffit à apporter une protection durant au moins 5 semaines.
Dans les deux cas, l’immunisation a provoqué la formation d’une grande quantité d’anticorps dirigés contre le virus Zika. Ce taux semble par ailleurs atteindre son pic à la 7e semaine post-vaccination. « Notre étude suggère que cette nouvelle stratégie vaccinale génère une quantité d’anticorps neutralisants 25 fois plus importante que celle observée avec les autres vaccins », se réjouit le Pr Weissman qui souligne qu’elle pourrait même se maintenir des années.
Une quarantaine de vaccins-candidats
« Si le vaccin est efficace après une seule injection, l’infrastructure nécessaire sera beaucoup plus simple. La production de ce type de vaccin est également plus simple et moins chère que celle des vaccins traditionnels », ajoute le spécialiste. L’équipe espère pouvoir lancer des essais cliniques chez l’homme d’ici 12 à 18 mois.
A ce jour, 40 vaccins-candidats sont en cours d’élaboration. « Certains sont évalués dans des essais cliniques, mais un vaccin jugé suffisamment sûr pour être utilisé chez les femmes en âge de procréer ne devrait pas être commercialisé avant 2020 », a souligné le Dr Margaret Chan, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
De l’avis des experts, l’épidémie qui frappe depuis près de deux ans le continent américain devrait être terminée d’ici là. Mais comme l’a rappelé le Dr Chan, « la lutte contre le virus Zika s’inscrit dans la durée ».