Le cancer. Il est partout, on s’y habituerait presque… Et pourtant, en cette Journée Mondiale qui lui est dévolue, il convient de rappeler sa présence – non pas pour angoisser les lecteurs, encore moins pour y les habituer davantage, mais pour faire prendre conscience que le cancer n’est pas, malgré sa forte prévalence, une fatalité.
C’est vrai, il tue neuf millions de personnes par an sur la planète – 8,8 millions, pour reprendre les données exactes de l’Organisation Mondiale de la Santé, récemment mises à jour. L’essentiel de ces décès surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, rappelle l’agence onusienne.
"Souffrir inutilement"
Mais le cancer pourrait être beaucoup moins meurtrier si seulement il était détecté à temps. Trop souvent, en effet, le diagnostic intervient trop tard, lorsque la pathologie est déjà à un stade avancé et plus difficile à guérir. Et ce, même dans les pays où les systèmes et services de santé sont optimums.
« Le diagnostic tardif du cancer et l’inaptitude à proposer un traitement condamnent beaucoup de personnes à souffrir inutilement et à mourir prématurément », rappelle l’OMS dans un communiqué.
Pour contrer cette mathématique macabre et agir sur le plus tôt possible sur le cancer, l’agence onusienne publie de nouvelles recommandations. Ainsi, selon le nouveau Guide de l’OMS pour le diagnostic précoce du cancer, tous les pays peuvent prendre des mesures pour parvenir à réduire la mortalité liée au cancer.
3 étapes, moins de morts
L’OMS fixe les 3 étapes du diagnostic précoce. D’abord, « améliorer la sensibilisation du public aux différents symptômes du cancer et encourager les personnes à consulter lorsqu’ils se manifestent ». Renforcer la connaissance des patients car ils sont les premiers et les meilleurs lanceurs d’alerte pour leur organisme.
L’agence recommande dans un deuxième temps d’ « investir dans le renforcement et l’équipement des services de santé et la formation des soignants de façon à ce qu’ils puissent poser un diagnostic correct en temps utile ». La qualité du système de santé et des équipes soignantes constitue elle aussi un facteur important de réussite face au cancer.
Enfin, l’OMS préconise de « veiller à ce que les personnes atteintes d’un cancer aient accès à un traitement sûr et efficace, y compris pour soulager la douleur, sans être en proie à des difficultés personnelles ou financières prohibitives ». Car là aussi, les conditions de vie influent très largement sur le pronostic.
Réduire les coûts du cancer
« Les défis sont à l’évidence plus importants dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, qui sont bien moins lotis pour offrir l’accès à des services de diagnostic efficaces, notamment pour ce qui est de l’imagerie, des tests de laboratoire et de la pathologie – autant de volets décisifs pour faciliter le dépistage des cancers et la planification du traitement », souligne l’agence. De fait, à l’heure actuelle, les pays disposent de capacités différentes pour orienter les malades vers le niveau de soin approprié.
L’OMS encourage ces pays à consacrer une priorité aux services de diagnostic et de traitement de base ayant un fort impact et un faible coût. Elle recommande par ailleurs de limiter l’obligation faite aux malades d’acquitter eux-mêmes leurs soins, ce qui en empêche beaucoup de consulter dès le départ.
« Le dépistage précoce du cancer réduit en outre sensiblement ses conséquences financières, rappelle enfin l’OMS Non seulement le traitement est moins onéreux au début de la maladie, mais les personnes concernées peuvent aussi continuer à travailler et à subvenir aux besoins de leur famille si elles ont accès à un traitement efficace en temps voulu ». En 2010, le coût économique annuel du cancer – dépenses de santé et perte de productivité – a été estimé à 1160 milliards de dollars.