Déterminé mais en colère. C’est ainsi qu’apparaît aujourd’hui le patron de Carmat, promoteur du cœur artificiel, dans les colonnes du Parisien. Depuis le décès du cinquième patient en octobre dernier, Stéphane Piat et ses cinquante collaborateurs attendent le feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour redémarrer les implantations dans le cadre de l’essai clinique.
Si l’ANSM avère cette situation de « stand-by » dans le quotidien, c’est pour assurer la sécurité des patients, précise-t-elle. Le dernier a vécu quelques semaines seulement avec la prothèse.
Oui, mais « le décès du patient n’a rien à voir avec la prothèse », objecte Stéphane Piat, qui rappelle que les candidats au cœur artificiel sont en fin de parcours. « Des problèmes, il y en a eu ; il y en aura, plaide-t-il. Mais notre prothèse fonctionne. Des patients on vécu des mois grâce à elle ».
Derrière cette bataille d’arguments, ce sont deux conceptions de l’innovation qui s’affrontent. « L’ANSM observe le principe de précaution », explique le patron de la société française. Mais ce principe est dépassé dans beaucoup de pays où l’on parle plutôt de bénéfice/risque », poursuit-il.
Ecoutez l'entretien réalisé avec Stéphane Piat
le 8 décembre 2016
Un dialogue de sourds qui pourrait conduire l’entreprise à s’installer à l’étranger ? Le risque existe. « Nous sommes prêts à repartir. Mais je m’interroge, répond Stéphane Piat. Veut-on vraiment faire de l’innovation en France ? »
Les Etats-Unis, par exemple ? La FDA, l’autorité de santé américaine, admet-il, a « une approche plus pragmatique ». Une chose est sûre. Même si l’essai redémarre en France, l’entreprise refusera de continuer au rythme de deux essais par an.
L’action de la société s’élève à aujourd’hui à 29,44 euros, quatre fois moins qu’au début des essais en 2013, rappelle la journaliste du Parisien Florence Méréo.