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Nanoparticules

Médicaments : l'UFC-Que Choisir pointe la présence de E171

Par Julian Prial

L’UFC-Que Choisir saisit les pouvoirs publics pour que le risque du colorant E171 (dioxyde de titane) potentiellement nocif dans un très grand nombre de médicaments soit évalué.

razvanchirnoaga/epictura

Les produits alimentaires ne sont pas les seuls à pouvoir contenir du colorant E171. Le dioxyde de titane (TiO2) se cache aussi dans votre armoire à pharmacie. D'après l'UFC-Que Choisir, ce sont pas moins de 4 000 médicaments qui en contiennent. Dans cette liste, on trouve en effet des produits pharmaceutiques très consommés des Français : Doliprane, Dafalgan, Efferalgan et les génériques de paracétamol, mais aussi l'Advil et les génériques d’ibuprofène, Spasfon, Augmentin etc. 

Pour résumer, l’additif se dissimule partout, aussi bien dans des spécialités prises en automédication que dans des traitements quotidiens pour les maladies chroniques. Le tout sans compter sa présence dans de nombreux compléments alimentaires. Une recherche sur un site de parapharmacie repérée par l'UFC recense, c'est vrai, 650 résultats qui concernent la plupart des grandes marques (Arkopharma, Forte Pharma, Omega Pharma, Juvamine, Oenobiol, Naturactive, Solgar, Pileje, etc.) et des secteurs (minceur, fatigue, stress, ménopause, confort articulaire, etc.). Cet état des lieux ravive bien évidemment l'inquiétudes de l'Association de consommateurs.

 

Les nanoparticules pointées du doigt 

Elle rappelle à ce sujet la récente étude de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) qui montre que l'exposition orale au dioxyde de titane induit de façon spontanée des lésions précancéreuses chez le rat. Les auteurs de ces travaux, attribuent sa toxicité au fait qu’il se présente en partie sous forme de nanoparticules, des composés infiniment petits aux propriétés et aux potentialités toxiques bien différentes de celles de plus grande taille. 

Une question se pose alors, le dioxyde de titane utilisé dans les médicaments est-il lui aussi en partie nanoparticulaire ? « Nous avons commandé la poudre donnée aux rats chez un fournisseur d’additifs pour l’industrie alimentaire, précise Éric Houdeau, directeur de recherche à l’Inra, qui a piloté cette étude. Je ne peux pas être affirmatif mais tout laisse à penser que c’est le même type de poudre qui est utilisée par les laboratoires pharmaceutiques », estime-t-il.

La réglementation européenne précise d’ailleurs que les colorants autorisés dans les médicaments doivent obéir aux mêmes spécifications que ceux employés par l’industrie agroalimentaire et, sur les notices, le dioxyde de titane emprunte son nom de code à l’additif E171. Il s’agirait donc bien de la même chose.

L'UFC-Que Choisir saisit l'Anses 

Face à cette décision radicale, l'UFC-Que Choisir tient néanmoins à indiquer qu'en matière de prise en charge médicale « ce n’est pas une raison suffisante pour stopper un traitement utile et efficace ». « La quantité de dioxyde de titane absorbée par ce biais est probablement limitée car il ne s’agit que de l’excipient de comprimés, gélules ou sachets qui eux-mêmes ne pèsent pas bien lourd », écrit-elle. Elle va même jusqu'à considérer que « si l’étude menée par l’Inra alourdit les soupçons, elle ne constitue pas à ce stade une preuve de dangerosité chez l’homme ».

Pour elle, ce serait donc à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) d'évaluer rapidement sa toxicité. Les ministères de la Santé, de l’Économie et de l’Agriculture ont annoncé le 20 janvier qu’ils saisissaient l’Agence mais deux semaines plus tard, cette dernière n’avait toujours pas reçu de courrier officiel précisant les contours de cette saisine, selon l'association. L’UFC-Que Choisir demande maintenant aux pouvoirs publics que la présence de dioxyde de titane dans les médicaments soit prise en compte par l’Anses dans son évaluation.