L’aspirine ne préviendrait pas seulement les maladies cardiovasculaires. Elle limiterait aussi les risques de cancer colorectal ou digestif. Depuis plusieurs années la littérature scientifique suggère, en effet, qu’une prise quotidienne de cet antalgique permettrait de réduire d’au moins 30 % le risque de ces cancers et doublerait les chances de survie des malades. Des bienfaits liés aux propriétés antiplaquettaires de cette molécule, suggère une étude publiée dans Cancer Prevention Research.
Jusqu’à maintenant, les chercheurs supposaient que l’effet anti-cancer de l’aspirine était lié à son action anti-inflammatoire. Mais en étudiant en laboratoire des tumeurs colorectales et des souris, les chercheurs du département américain des vétérans et de l’université du Texas ont découvert que la croissance tumorale est inhibée grâce à son action antiplaquettaire.
Empêcher les tumeurs de se nourrir
Les plaquettes, un élément du sang, jouent un rôle clé dans la prévention des hémorragies grâce à leur capacité d’agglutination. Elles sont également impliquées dans la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, notamment après un traumatisme. Habituellement l’angiogenèse est bénéfique pour le corps humain. Mais dans le cas d’un cancer, elle contribue au développement des tumeurs. Un processus qui peut être interrompu grâce à l’aspirine, indiquent les scientifiques.
Lors de l’expérimentation sur des cellules cancéreuses, ils ont observé que cet anti-inflammatoire pouvait bloquer l’interaction entre les plaquettes et la tumeur en « capturant » une enzyme appelée Cox-1. Résultat : le nombre de plaquettes et leur activité diminuent. Ceci a été obtenu avec de l’aspirine achetée en pharmacie. D’autres expériences avec une aspirine « améliorée » ont permis d’obtenir un effet anti-cancer encore plus puissant. Ils prévoient de tester la sécurité et efficacité de cette molécule chez l’homme très prochainement.
Des effets indésirables graves
Pour les auteurs, ces travaux confirment que l’aspirine a des propriétés chimiopréventives. Ils estiment ainsi que leur étude abonde dans le sens des recommandations émises en avril dernier par un groupe d’experts américains, selon lesquelles l’aspirine devrait être prescrite pendant au moins 10 ans à faible dose pour une protection optimale contre les pathologies cardiaques et le cancer du côlon. Une préconisation qui cible seulement les personnes de 50 à 69 ans présentant un risque accru de pathologies cardiaques mais qui n’en ont jamais été victimes, et qui ne présentent pas de risques d’hémorragies.
Le groupe d’experts saisi par le gouvernement américain n’a pas conseillé l’usage préventif de l’aspirine chez les sujets de moins de 50 ans et de plus de 70 ans, ainsi que les personnes à faible risque de ces pathologies. Car, comme ils le rappellent, ce médicament, peut être responsable d'hémorragies de l’appareil digestif et cérébrales en raison de ses propriétés antiplaquettaires. Cette molécule aux nombreuses vertus est donc à manier avec précaution et parcimonie.