Ils sont présents dans nos habits, dans le meubles, l'électronique et se targuent de limiter les incendies. Mais à quel prix ? Les retardateurs de flamme sont dans la ligne de mire de nombreuses autorités sanitaires. Et malgré les initiatives pour réduire leur utilisation, ils restent omniprésents. Pire : la contamination augmente. Une équipe de chercheurs américains le souligne dans Environmental Science & Technology Letters. Leur revue de la littérature, réalisée de 2002 à 2015, livre des résultats alarmants.
15 % du marché
Dès 2004, le gouvernement des Etats-Unis a pris la mesure du risque associé aux retardateurs de flamme bromés (EDPB). Un travail a été engagé avec les fabricants, afin de réduire leur utilisation. Mais leur substitut ne vaut guère mieux, comme le montre cette publication : les produits organophosphorés sont tout aussi capables de migrer. Et ils sont omniprésents. On les trouve dans l’air, les poussières domestiques, les sols… même dans le vernis à ongles ! Les modes de contamination sont donc multiples : ingestion, inhalation, contact cutané.
Ces retardateurs de flamme phosphorés occupent une place croissante sur le marché. Ils représenteraient 15 % de celui-ci. Et cette progression s’observe dans les échantillons d’urine relevés aux Etats-Unis. Entre 2002-2003 et 2014-2015, les taux de métabolites détectés ont été multipliés par 15. Les niveaux sont également plus élevés au cours de la saison estivale.
Des effets multiples
Au sein de l’Union européenne, tous les retardateurs de flamme n’ont pas droit de cité. Certains, de type bromés, sont interdits ou voient leur utilisation limitée. Les substituts phosphorés ont donc toutes les chances d’être très présents. Ce qui n’est pas forcément du goût des autorités sanitaires.
En juin dernier, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a publié un rapport complet sur ces produits. Ils admettent de possibles effets sur la reproduction, le système endocrinien, l’apparition de cancer ou même une neurotoxicité. La liste est longue, et les bienfaits pas forcément assurés.
« Les données disponibles ne permettent pas de conclure à l’existence d’une efficacité de l’utilisation des retardateurs de flamme dans les meubles rembourrés à usage domestique », tranche l’Agence. Elle recommande de se fier davantage à d’autres solutions, comme l’information du public et les détecteurs de fumée.