« La première nuit après ma greffe, j’ai pleuré de bonheur », a confié aux journalistes Jean-Michel Schryve qui n’hésite pas à parler de « miracle ». L’homme de 51 ans est le 7e patient à bénéficier d’une double greffe de main aux Hospices civils de Lyon. L’opération a eu lieu en novembre 2016 mais n’a été rendue publique qu’au début de mois de février 2017.
L’habitant du Nord de la France avait été amputé des 4 membres en 2010 en raison d’une nécrose liée à une grave infection du sang. Il a également souffert d’une nécrose partielle de la face ayant nécessité plusieurs opérations chirurgicales de reconstruction, a expliqué l’établissement lyonnais.
Après une longue période de rééducation, il apprend à marcher avec des prothèses mais supporte mal celles des membres supérieurs. « Quand on n'a ni main, ni pied, c'est très difficile. Avec le courage que j'ai, j'ai réussi à faire face. Six mois après mon amputation, j'étais sur pied. Mais il me manquait quelque chose, je faisais tout avec mes moignons mais il me manquait le toucher », a-t-il raconté à Lyon Mag.
Alors en 2012, il contacte l’équipe de chirurgie de l’hôpital Edouard Herriot et de la clinique du Parc de Lyon pour accéder à la greffe.
Une intervention risquée
Inscrit sur liste d’attente, il a dû attendre 3 ans et un donneur compatible pour être opéré. Aujourd’hui, le papa de 3 enfants se dit « comblé » même s’il n’a pas encore retrouvé le sens du toucher, et assure « être capable d’affronter la suite ».
Car cette intervention hors norme comporte de nombreux risques. Le premier est bien sûr le rejet des greffons malgré le traitement immunosuppresseur à prendre à vie. « Pour M. Schryve, les suites de la transplantation sont marquées par une infection qui prolonge son hospitalisation », a indiqué l’établissement lyonnais, ajoutant que le patient a tout de même démarré ses séances de rééducation.
Toujours hospitalisée à Lyon, Jean-Michel Schryve poursuivra sa rééducation près de chez lui à Berck (Pas-de-Calais) dès qu’il aura cicatrisé. Elle devrait durer au moins 3 ans. Chez les patients précédents, la kinésithérapie leur a permis de retrouver entre 34 et 91 % de leur mobilité. Le sens du toucher se récupère dans l’année suivant l’intervention.
Deux décennies de greffes de mains
Cette chirurgie intervient 19 ans après la première greffe mondiale de mains réalisée au sein du CHU de Lyon par le Pr Jean-Michel Dubernard. Depuis 2000, les greffes d’avant-bras sont réalisés dans le cadre de programme hospitalier de recherche clinique (PHRC). Le CHU de Lyon pouvait y inclure 7 patients. M Schryve est le dernier à en avoir bénéficié.
Fort des résultats encourageants obtenus chez ces patients, l’hôpital lyonnais, en collaboration avec des équipes parisiennes, ont obtenu le droit de lancer une nouvelle étude dans le cadre d’un protocole de recherche médico économique (PRME). Celle-ci devrait être lancée dans les mois à venir et permettra de proposer la greffe à des patients qui viennent d’être amputés des avant-bras.
A l’origine, ces patients inclus ne devaient jamais avoir porté de prothèse, mais les médecins ont réussi à faire évoluer le protocole de recherche. L’objectif de ces travaux est de comparer l’impact médical et économique des prothèses et de la transplantation.