Les anti-vaccinations viennent de gagner une bataille, mais va-t-on perdre des guerres contre certaines maladies ? Il y a quelques jours, le Conseil d’Etat a pris une décision qui, en apparence, « répète des évidences », comme le souligne Jean-Yves Nau dans Slate mais qui, en fait, « crève l’abcès ».
Aujourd’hui, la vaccination est obligatoire pour la diphtérie, le tétanos et la polio (DTP). Mais en réalité, les produits disponibles sur le marché associent à ces vaccins obligatoires des vaccins recommandés comme la coqueluche, les oreillons ou la rougeole.
Saisi par des associations, le Conseil d’Etat a demandé aux autorités sanitaires de mettre à disposition le vaccin trivalent, commercialisé aujourd’hui dans des conditions exceptionnelles.
En creux, cette décision rappelle que la coexistence en France d’un système de vaccinations obligatoires et recommandées devient incompréhensible pour le plus grand nombre. Sur ce thème, les pouvoirs publics devraient se prononcer sur les mesures préconisées dans le cadre d’une concertation citoyenne.
Mais surtout, les militants anti-vaccinations ont vu dans ce rappel du Conseil d’Etat l’occasion de développer leurs thèses sur les « risques » de se faire vacciner et de rappeler que l’appellation « recommandée » n’avait plus aucune valeur contraignante.
Pour l’éditorialiste de Slate, « cette décision marque donc une étape capitale dans un dossier majeur de santé publique et met en lumière les incohérences majeures de la politique vaccinale mise en œuvre, en France, depuis près d’un demi-siècle ».
Il y a donc urgence à sortir de l’impasse. Car pendant que les tribuns claironnent et empoisonnent le débat, certaines maladies, que l’on croyait éradiquées, refont surface.
La Suisse est aujourd’hui confrontée à un retour de la rougeole. 21 cas ont été enregistrés depuis un mois, 70 en 2016 contre 36 l’année précédente. Les autorités helvétiques ont demandé aux citoyens de contrôler leur statut vaccinal. Tout comme celles de la France en 2015 lors de flambées de la maladie dans certains départements.
L’OMS rappelait cette année-là que la vaccination contre la rougeole avait sauvé la vie de 17 millions de personnes depuis 2000, mais aussi que la couverture vaccinale amorçait une pente descendante. L’Organisation visait en particulier les pays qui se posent des problèmes de riches alors que les pauvres en meurent.