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Solvant cancérigène

Trichloréthylène : des communes toujours exposées malgré l’interdiction

Par Audrey Vaugrente

Les riverains d'anciens sites industriels situés en Île-de-France continuent de respirer du trichloréthylène, solvant aux effets cancérigènes.

omur12/epictura

Il dégraissait les métaux, nettoyait les textiles… puis la communauté scientifique s’est rendue compte qu’il provoquait des cancers. Le trichloréthylène n’a plus droit de cité en France. Ce solvant volatil n’a pas disparu pour autant. Dans trois communes d’Île-de-France, les niveaux relevés excèdent la limite fixée par les autorités sanitaires. Ils sont jusqu’à 100 fois supérieurs à la valeur seuil, révèle Santé Publique France dans une étude.

18 % de logements pollués

Par trois fois en 2013, la Cellule d’intervention en région Île-de-France a été sollicitée dans des communes de la région. Leurs habitants étaient exposés au trichloréthylène. A chaque fois, un point commun émerge : les villes sont situées près d’un ancien site industriel et l’exposition est chronique. La population concernée est heureusement réduite. La Cire indique « des populations de quelques dizaines au plus de personnes exposées ».

Ils sont peu nombreux mais surexposés. Selon les analyses menées par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), presque 18 % des logements abritent des concentrations supérieures au seuil fixé par les autorités – à savoir 2 microgrammes par mètre cube (μg/m3). 3 % vont même jusqu’à excéder la concentration de 20 μg/m3. A ce seuil, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) recommande que l’exposition soit limitée dans le temps.

Un risque de cancer

Car le trichloréthylène n’est pas sans risque pour la santé. Ce solvant très volatile est « rapidement et intensivement absorbé par toutes les voies d’exposition ». Cela se traduit par des atteintes neuropsychiques variables, mais aussi des atteintes hépatiques réversibles. Plus inquiétant, le risque accru de cancer.

Le TCE est, en effet, considéré comme un cancérigène certain pour l’homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC). Il accroît le risque de cancer des reins et est aussi suspecté de favoriser les lymphomes non-Hodgkiniens, les cancers du foie et des voies biliaires.

Un relogement sous condition

Mais dans le cas des trois communes franciliennes, l’excès de cancers estimé est « très faible », même dans le pire des scénarios. Ce qui n’empêche pas Santé Publique France de tirer la sonnette d’alarme. L’agence rappelle que les travaux de remise aux normes demandent en moyenne trois ans. C’est largement plus que le délai avancé par le HCSP, qui donne six mois pour parvenir à un seuil de 10 μg/m3. « Ainsi, l’excès de risque individuel est proche du niveau inacceptable », tranche-t-elle.

Reste une solution : reloger les personnes exposées de manière excessive au trichloréthylène. Cette décision « doit être évaluée dans une approche bénéfice/risque pour la (les) personne(s) concernée(s) ». La priorité, elle, ne varie pas : réduire les niveaux d’exposition et gérer les sources émettrices dès que possible.

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