Fort de son carnet d'adresses dans les médias et le showbiz, Monsieur Poulpe, l'animateur de Recettes Pompettes, persiste et signe. Le concept de son émission toujours autorisée, malgré les provocations, est simple : inviter une célébrité pour cuisiner avec elle tout en buvant de l'alcool. Les deux apprentis cuisiniers finissent bien souvent leurs prouesses culinaires ivres.
Le programme a déjà entraîné une réaction du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA), qui a menacé de sanctions la société de production Studio Bagel. Refusant de se plier à l'injonction, l'animateur a préféré récidiver. En choisissant même de surenchérir. Dans sa dernière web-émission diffusée le 9 février sur YouTube, Monsieur Poulpe va en effet encore plus loin dans l'irresponsabilité médiatique.
En plein milieu du programme, il se permet cette fois-ci de fumer un joint de cannabis avec son invité du jour, Guillaume Canet. Une scène pour le moins cliché puisqu'elle se déroule sur fond de musique reggae. S'ajoute à cela un immense nuage de fumée faisant plus penser à un incendie qu'à de la fumette. Sauf que la provocation envers le CSA n'est maintenant plus dissimulée puisque l'animateur ponctue la séquence avec ces mots : « Il y a un truc qu’on ne fait pas en télé, voire même en web, voire même dans n’importe quoi de ce qui est entertainment c'est..». Puis il sort un joint qu'on le voit partager en arrière-plan avec Guillaume Canet.
Rien sur les dangers du cannabis
Les humoristes Mathieu Madénian et Thomas VDB lui emboitent ensuite le pas en déclarant : « Soit-disant des personnes sont choquées par ce programme qu'ils trouvent trop rock n'roll (...) Il y a des choses beaucoup plus choquantes que "Les Recettes Pompettes" sur Internet ». Comme un teckel se masturbant, citent les deux conseillers improvisés en santé publique. Des propos qui ne sont évidemment pas du goût des professionnels. C'est le cas de l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (ANPAA).
Favorable à la légalisation du cannabis, elle précise toutefois que la légalisation ne doit pas être une incitation pour la jeunesse à la consommation d'un produit psychoactif. « C'est bien pourquoi la provoc en toc de Monsieur Poulpe pose problème. Ce type de comportement nuit gravement à tous ceux qui militent pour une réflexion objective et dépassionnée sur le statut du cannabis et sa régulation », estime-t-elle.
De la même manière que le message général de son émission est clairement : « Etre bourré, c'est fun », l'association reproche à Monsieur Poulpe « de nous fourguer la promotion du joint sans l'information sur les dangers du cannabis et de sa consommation associée à l'alcool », notamment chez les jeunes. « Monsieur Poulpe veut nous faire croire qu'il brise un tabou mais en réalité, il méprise tous les acteurs de prévention, qui aident au quotidien tous ceux qui sont en difficulté avec les produits addictifs », déplore l'ANPAA.
Le manque de courage dénoncé
Cette dernière dénonce donc une nouvelle fois l'incitation à la consommation et à l'ivresse à l'antenne, et l'escamotage de leurs risques. Elle appelle ainsi à une régulation du média Internet et « des éditeurs hors sol qui doivent être tenus pour responsables des contenus qu'ils diffusent ».
« En fumant en direct un joint en compagnie d'une star, il (M. Poulpe) sait pertinemment qu'il ne risque rien, contrairement aux usagers anonymes contrôlés par la police », conclut cependant l'ANPAA. Il faut, c'est vrai, rappeler que « l’usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende (Article L.3421-1 du Code de la santé publique) ».