Les bébés naissent de plus en plus tôt. En France et partout dans le monde, la prématurité progresse. Dans l’Hexagone, plus de 6 % des naissances sont concernées. Si la prise en charge des grands prématurés a progressé, certaines conséquences sont difficiles à anticiper. C’est le cas des troubles psychologiques. Ils sembleraient cependant plus fréquents chez les anciens prématurés, selon une revue de la littérature parue dans le Psychological Bulletin.
Déficit de l’attention, anxiété…
Moins d’un kilo sur la balance à la naissance : le verdict fait moins trembler les parents aujourd’hui. Mais ces frêles nourrissons doivent bénéficier d’une prise en charge intensive, afin de limiter les répercussions durables sur leur santé. Et pourtant, un domaine reste peu exploré, celui de la psyché de ces bébés poids plume. Les chercheurs de l’université McMaster (Canada) qui signent cette méta-analyse ont donc rassemblé 41 études sur le sujet.
Pour 11 100 enfants nés avec un poids normal, 2 700 nourrissons à très faible poids de naissance ont été suivis sur une période allant jusqu’à 26 ans. Les résultats sont sans équivoque, les seconds sont plus à risque de troubles mentaux que les autres. « Ces difficultés impliquent le plus souvent des troubles de l’attention, anxieux ou sociaux », résume Karen Mathewson, qui signe les travaux.
Dans le détail, les chercheurs ont noté un excès de troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité, dans la quasi-totalité des études. Ils ont aussi remarqué un risque accru de troubles sociaux, d’anxiété et de dépression. Le pays d’origine n’influence que très peu ce résultat.
Un début de vie difficile
Alors comment expliquer cette fréquence accrue des pathologies psychiques ? Les Canadiens y voient la conséquence d’un début de vie pour le moins difficile. Séjour à l’hôpital, stress post-natal, gestation difficile… les facteurs sont multiples. Les parents pourront tout de même se rassurer : sur les 60 000 enfants qui naissent prématurés chaque année, une infime partie développe des troubles de ce type.
« Il est important que les familles et les soignants soient conscients du risque de troubles mentaux précoces chez les enfants qui survivent à un très petit poids de naissance, mais aussi du fait que certains de ces individus ne développeront pas de troubles mentaux en grandissant », conclut Karen Mathewson. Cette information est utile pour apporter les soins nécessaires le plus rapidement possible.