ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Fos-sur-Mer : deux fois plus de malades chroniques chez les riverains

Cancers, diabète, asthme

Fos-sur-Mer : deux fois plus de malades chroniques chez les riverains

Par Julian Prial

Exposés à des polluants, les habitants de Port-Saint-Louis-du-Rhône et de Fos-sur-Mer ont plus de risque de souffrir de certaines maladies, selon une étude.

Gilles_Paire/epictura

A Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône), les bateaux pétroliers qui voguent au large du port industriel sont des scènes quotidiennes. Une activité économique florissante qui n'est pas sans conséquence sur la santé des riverains.

Une étude (1) basée sur la santé de 816 personnes vivant au bord de cette industrialo-portuaire démontre qu'elles sont davantage touchées par des affections respiratoires, diabètes et cancers. 63 % des habitants de Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône souffrent d'au moins une maladie chronique contre 36,6 % en France.

Des habitants préoccupés 

Ces travaux menés et financés par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) publiés mardi dans Le Parisien sont accablants. Ils révèlent précisément que dans le périmètre étudié, près d'un adulte sur deux et un enfant sur quatre présentent des affections respiratoires. L'Anses souligne que « les habitants sont préoccupés par la qualité de leur environnement, les sources locales de pollution, et leur lien avec leur santé. Ils font la chronique d'une pollution devenue ordinaire, de débordements industriels qui se cumulent à d'autres formes d'exposition locale à la pollution ».   

L'asthme cumulatif, qui débute souvent à l'âge adulte, touche ainsi 16 % des habitants de cette zone, contre seulement 10 % de la population française en moyenne. Le taux de cancer est aussi plus élevé autour de l'étang de Berre. 14,5 % des femmes de Fos et Port-Saint-Louis ont  ou ont eu un cancer contre 5,4 % des femmes en France. Et les diabètes de tous types sont présents chez 11,6 % des habitants de la zone, contre 6 % dans le reste de l'Hexagone.

Des chiffres en deçà de la réalité ?  

Et à ceux qui critiquent déjà la méthodologie de cette recherche, basée sur du déclaratif, les chercheurs répondent: « S’il y a un biais dans notre étude, c’est un biais de sous-estimation et non pas de surestimation. Premièrement, parce que les gens les plus gravement malades n’étaient pas en mesure de participer à l’étude. Deuxièmement, il y a beaucoup de pathologies qui ne sont pas encore diagnostiquées, comme les maladies auto-immunes », précise Yolaine Ferrier, anthropologue doctorante à l’EHESS Marseille et co-auteur de l’étude.

Pour rappel, les habitants du golfe de Fos sont particulièrement exposés à la pollution provenant de l'étang de Berre, l'une des plus importantes zones industrielles d'Europe, avec, entre autres, ses raffineries et les hauts-fourneaux d'ArcelorMittal.

(1) Etude indépendante financée sur des fonds confiés à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail par l'ITMO Cancer d'AVIESAN.