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Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes

Antibiotiques : les prendre après un rapport à risque réduit les IST

Par Audrey Vaugrente

Prendre des antibiotiques après un rapport sexuel à risque permet de réduire le nombre de syphilis et de chlamydioses. L’approche reste inefficace contre les gonorrhées.

mariakarabella/epictura

Prendre des antirétroviraux en prévention d’une infection par le VIH, c’est fait. Alors que la PrEP (prophylaxie pré-exposition) fait la démonstration de son efficacité en France depuis un an, les infectiologues se tournent vers les autres infections sexuellement transmissibles (IST).
De fait, les rapports sexuels non protégés ne favorisent pas seulement l’épidémie de VIH. Ils alimentent aussi celles des gonorrhées, chlamydioses et syphilis. Là encore, c’est l’approche préventive qui est privilégiée.

Lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), qui se tient à Seattle (Etats-Unis, 13 au 16 février,) le Pr Jean-Michel Molina, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis (Paris), a présenté les nouveaux résultats de l’essai IPERGAY. Ils s’appuient sur un sous-groupe qui a pris de la doxycyline, un antibiotique de la famille des tétracyclines, après un rapport à risque. Cette approche, nommée prophylaxie post-exposition (PEP) semble efficace.

Une population à haut risque

L’étude se situe dans le prolongement direct de l’essai IPERGAY, qui avait pour but de montrer l’intérêt du Truvada en prévention d’une infection par le VIH. En effet, la mise en place de la PrEP a « mis en lumière la prévalence et l’incidence croissantes des IST chez les usagers », a expliqué Jean-Michel Molina. Il est nécessaire d’améliorer la prise en charge de celles-ci. Car chaque jour, un million d’IST sont déclarées dans le monde.

L’équipe parisienne a donc choisi de prolonger l’essai IPERGAY, qui porte sur une population à haut risque : les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Parmi les participants, 232 ont accepté de rejoindre un sous-groupe.

La moitié d’entre eux a reçu un stock de doxycycline avec des instructions précises : cet antibiotique ne doit être utilisé qu’après un rapport sexuel non protégé, à raison de deux cachets par exposition. Les volontaires ne devaient pas prendre plus de six cachets par semaine. L’autre moitié a servi de contrôle et n’a pas pris ce médicament.

Le risque de résistance

Au cours du suivi, de huit mois en moyenne, les hommes ont régulièrement rencontré les médecins de l’hôpital Saint-Louis. Toutes les huit semaines, ils ont réalisé un dépistage des différentes IST et reçu des conseils sur la réduction des risques d’infection. Les résultats de cette stratégie sont plutôt probants.

Entre juillet 2015 et janvier 2016, 73 volontaires ont contracté une IST. Dans le groupe sous antibiotiques, ils étaient 22 % contre 39 % dans le groupe non traité. Si le bénéfice n’est pas significatif dans le cas des gonorrhées, les cas de chlamydiose et de syphilis sont réduits de 70 %.

« La PEP à la demande avec la doxycyline réduit l’incidence des infections à chlamydia et de syphilis chez les HSH à haut risque et présente un profil de sécurité acceptable », a conclu le Pr Molina lors de sa présentation.
Reste une interrogation majeure : celle de la résistance aux antibiotiques. L’équipe doit encore évaluer l’impact potentiel d’une telle stratégie. Le sujet est à prendre avec des pincettes car l’antibiorésistance pose déjà problème dans le cas des gonorrhées. Les options thérapeutiques sont très limitées. C’est sans doute pour cela que la PEP n’a que peu d’effet.