- Le syndrome de l’intestin irritable se caractérise par des troubles de la digestion : constipation, diarrhée, douleurs abdominales, ballonnements.
- 5 % de la population française serait touchée par ce syndrome.
- Les femmes sont bien plus affectées que les hommes : elles sont deux à trois fois plus nombreuses à présenter les symptômes.
Les symptômes font vivre un enfer à ceux qui en souffrent. Comme son nom l’indique, le syndrome du côlon irritable met les intestins sens dessus-dessous. Pour soulager les patients, aucun traitement n’est disponible. Une équipe de l’Inserm a peut-être trouvé la faille dans cette affection. Une enzyme est impliquée dans les mécanismes du syndrome, expliquent-ils dans Gut.
Action à deux niveaux
L’enzyme en question est nommée trypsine-3. C’est une technique développée par les auteurs de ces travaux qui a permis de l’observer en action, dans des cellules humaines malades et chez le rongeur. Elle présente une particularité : les cellules de la muqueuse intestinale (épithélium) la produisent et l’abritent. Or, cette muqueuse était déjà sous haute surveillance, car elle est anormalement perméable.
Pour la première fois, le mécanisme trouve une explication. La trypsine-3 agit sur deux plans : elle augmente la perméabilité de l’épithélium et excite les neurones entériques impliqués dans la digestion. Une combinaison fatale qui provoque l’hypersensibilité à certains aliments et états d’âme.
A gauche, des cellules saines. A droite, des cellules malades. (Source : N. Vergnolle/Inserm)
Voilà qui explique des travaux publiés en 2007 par la même équipe. Ils ont observé une activité de type protéase, c’est-à-dire de digestion des cellules… alors que le côlon n’est pas impliqué dans ce phénomène. La présence de l’enzyme permet de clarifier ce point.
Une piste thérapeutique
Cette découverte aide à mieux comprendre le syndrome de l’intestin irritable. Mais les chercheurs espèrent aussi faire de la trypsine-3 un point d’appui pour développer des traitements spécifiques, ciblés sur le mécanisme-même de la maladie. L’objectif : inhiber l’action de l’enzyme. Le travail s’annonce ardu.
« La trypsine-3 est la seule à ne pas avoir d’inhibiteur naturel, explique Nathalie Vergnolle Au contraire, elle protège les autres trypsines de leurs propres inhibiteurs. Son rôle normal semble être d’amplifier l’activité protéolytique »