C’est un peu la double peine pour les mères qui développent un diabète durant leur grossesse. La forme gestationnelle de ce trouble métabolique favorise les complications pour le fœtus. Une étude de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), fondée sur les données de l'Assurance maladie, donne un aperçu de l’ampleur du risque. Elle livre, dans Diabetologia, une idée précise des répercussions dont peut pâtir le bébé à naître, de son développement jusqu'à l'accouchement.
Une grossesse à risque
Pour parvenir à ces conclusions, les auteurs ont analysé les données relatives à 796 000 accouchements survenus en 2012 dans le pays. 7 % des futures mamans présentaient un diabète gestationnel. L’immense majorité d’entre elles est parvenue à contrôler la glycémie à l’aide d’une modification des habitudes alimentaires (75 %).
Par rapport aux femmes dont la glycémie est restée normale, celles qui souffrent de diabète gestationnel sont plus exposées à une hypertension artérielle gravidique (70 %) mais aussi à des naissances prématurées et un accouchement par césarienne. Le fœtus paie lui aussi le prix de cette hyperglycémie : on constate davantage de détresses respiratoires, de traumatismes à la naissance et de malformations cardiaques chez les bébés.
La glycémie en cause
Sans surprise, la probabilité d’observer une complication est plus élevée lorsque la mère doit recevoir de l’insuline. Les chercheurs expliquent cela par un diabète plus sérieux et difficile à contrôler, ce qui se traduit par des variations de la glycémie.
Mais ce rapport de forces s’inverse lorsque les chercheurs resserrent l’échantillon. En n’analysant que les naissances à terme, ils observent un risque accru de mortinatalité lorsque le diabète est traité par un régime. Selon les auteurs, l’exposition prolongée à une hyperglycémie entre en cause. En effet, les femmes sous insuline accouchent généralement plus tôt.
Mais par rapport aux femmes dont le diabète précède la grossesse, ce risque est négligeable. Lorsqu’un diabète de type 2 est présent au moment de la conception, les bébés sont deux à quatre fois plus exposés à des complications. Celles-ci restent tout de même peu fréquentes.
Un dépistage sur mesure
Malgré les demandes répétées de la communauté médicale, le dépistage du diabète gestationnel n’est pas systématique en France. Il est recommandé, depuis 2010, en présence de certains facteurs de risque : une surcharge pondérale, un antécédent familial ou personnel, des complications survenues lors de grossesses précédentes ou une macrosomie (poids de naissance supérieur à 4 kg).
Le diabète gestationnel se développe pendant la grossesse, le plus souvent au cours du 2e trimestre. En effet, le placenta commence à produire des hormones qui peuvent provoquer une résistance à l’insuline. Cela se traduit par une hausse du glucose dans le sang.