C’est une fâcheuse habitude qu’ont prise les Républicains une fois arrivés à la Maison Blanche : ils suppriment les subventions aux associations internationales qui garantissent l’accès des femmes à l’interruption volontaire de grossesse. Pas un depuis Reagan n’a dérogé à cette règle, la « global gag rule », abrogée au gré des mandats démocrates. Ce n’est pas un Donald Trump qui allait faire exception, lui qui pendant sa campagne a promis de mener combat contre le droit à l’avortement…
Ainsi, le premier texte législatif signé de la main du nouveau président américain a remis au goût du jour la « global gag rule ». Les Etats-Unis, premier donateur mondial aux plannings familiaux et programmes de santé des femmes dans les pays en développement – là où se concentrent les besoins les plus urgents – vont couper tout financement fédéral aux associations étrangères qui pratiquent ou promeuvent l’accès à l’IVG. C’est-à-dire la quasi-intégralité des structures qui œuvrent pour améliorer la santé sexuelle, notamment dans les pays pauvres.
Un "vide"
Difficile à encaisser pour ces associations privées de fonds. Plus dur encore pour ces femmes qui, pendant au moins quatre ans, risquent d’être privées d’une information précieuse. L’annonce a provoqué un élan d’indignation à travers le monde, auquel s’est joint le couple Gates.
Au Guardian, Bill et Melinda ont fait part de leur profonde inquiétude quant aux conséquences du décret Trump, qui risque de « créer un vide que même une fondation comme la notre ne pourra pas combler ». Avec ses 40 milliards de dollars de dotation, la Fondation Gates s’est en effet donnée pour mission de promouvoir la santé des populations, notamment les plus vulnérables, et de renforcer le pouvoir des femmes et des filles sur leur propre santé.
Femmes puissantes, pays riche
Or, le décret Trump va plus loin encore que les précédentes « global gag rule », qui ne concernaient que les plannings familiaux. Cette fois-ci, toutes les associations étrangères qui perçoivent une aide américaine sont visées. « Ce changement aura un impact sur des millions de femmes et de jeunes filles, déplore ainsi Melinda Gates, citée par le journal britannique. Cela aura un effet négatif sur une gamme très large de programmes de santé, qui fournissent des traitements curatifs et préventifs aux plus nécessiteux ».
Parmi ces traitements, le couple cite les antirétroviraux utilisés contre le VIH, mais aussi les traitements contre la tuberculose et la malaria. En effet, les associations visées par le décret ont souvent une action qui dépasse la seule santé sexuelle. Par ailleurs, le couple rappelle que les pays les plus pauvres sont aussi ceux où la femme possède le moins de droits, y compris sur sa santé. Renforcer la santé des populations implique d’accroître le pouvoir et la connaissance des femmes, ainsi que le contrôle de leur propre corps. Une constante que ne semble pas comprendre Donald Trump.