Le football professionnel , générateur de troubles cérébraux ? La Fifa n’y croit pas. L’organisation internationale a réagi à l’étude récemment publiée, qui met en avant un surrisque de démence chez les joueurs professionnels. Les travaux se fondent sur l’autopsie du cerveau de six anciens titulaires et sur les dossiers cliniques de 13 autres joueurs hospitalisés pour démence.
Quatre des six cerveaux disséqués montraient des signes d’encéphalopathie traumatique chronique (ETC), une pathologie caractéristique des sports où la boîte crânienne peut subir des coups violents (boxe, football américain…). Dans ces travaux, les auteurs évoquent un « lien potentiel » entre le football et l’émergence de pathologies cérébrales, associées à la répétition de l’impact induit par les « têtes ».
"Aucune preuve"
La Fifa, elle, se montre dubitative. Dans un communiqué, la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) affirme qu'il n'y a « aucune preuve d'effets négatifs suite à des coups de tête ou à divers chocs », et que les « enquêtes menées sur des joueurs en activité ou retraités, concernant un éventuel impact sur les fonctions cérébrales, n'ont pas permis de parvenir à des résultats probants ».
La Fédération se veut plus rassurante encore. « Heureusement, le football ne fait pas partie des sports à haut risque pour des blessures au cerveau ou à la tête », écrit-elle. Une prise de position qui tranche donc avec les résultats de l’étude précitée et qui peut étonner, de la part d’un organisme plus réputé pour son analyse sportive que pour son expertise scientifique.
Altérations cognitives
En effet, s’il n’est pas question de faire du football un sport extrême à haute dangerosité, il conviendrait de ne pas balayer les résultats de travaux menés par des équipes de chercheurs spécialisés, selon une méthodologie tout à fait satisfaisante. D’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’une étude évoque un éventuel risque pour la santé cérébrale des footballeurs.
En octobre 2016, des travaux réalisés sur des footballeurs amateurs montraient que les têtes répétées pendant un entraînement altéraient les facultés cognitives. L’effet était éphémère et le groupe étudié, assez restreint (19 joueurs), mais les résultats n’en demeuraient pas moins éloquents. Aux Etats-Unis, la technique est d’ailleurs bannie depuis mars 2015 des entraînements chez les enfants de moins de dix ans.
Alors qu’à travers le monde, 250 millions de personnes jouent au football, les auteurs de ces travaux jugeaient nécessaire une prise de conscience dans le milieu. Ils appellaient à « de nouvelles approches pour détecter, surveiller et prévenir les atteintes cérébrales dans ce sport », afin de « sauvegarder la santé à long terme des joueurs de football de tous les niveaux ». N’en déplaise à la Fifa…