La santé mentale de Donald Trump continue d’agiter les esprits. Il y a quelques semaines déjà, des psychiatres l’avaient déclaré inapte à l’exercice présidentiel en raison de « son impulsivité, son hypersensibilité à la critique, et son apparente incapacité à distinguer les fantasmes de la réalité ». Cette fois, la charge provient d’un collectif de 35 psychiatres, psychologues et travailleurs sociaux américains, qui co-rédigent une lettre ouverte publiée dans le journal The New York Times.
Ils disent être « restés silencieux trop longtemps » en raison d’un « dictum » que se sont imposé les spécialistes de la santé mentale à propos de l’évaluation des personnes publiques. « De ce silence résulte un échec à apporter notre expertise aux journalistes inquiets et aux membres du Congrès, en ce moment critique, peut-on lire. Nous craignons que l’enjeu soit trop grand pour rester silencieux ». Aux Etats-Unis, une pétition circule pour que les spécialistes de la santé mentale apportent leur soutien à un mouvement visant la destitution du président.
Tordre la réalité
Selon les signataires, le président a une « incapacité à tolérer les opinions divergentes des siennes » et serait susceptible de développer des « réactions de rage ». « Ces mots et son comportement suggèrent une profonde inaptitude à l’empathie. Les individus porteurs de ce trait ont tendance à tordre la réalité pour qu’elle s’adapte à leur état psychologique. Ils attachent les faits et ceux qui les communiquent, y compris les journalistes et les scientifiques ».
Les auteurs du texte craignent que l'immense pouvoir acquis par Donald Trump ne gâte les choses. « Ces attaques vont s’amplifier, car son mythe personnel de mégalomanie se trouve apparemment confirmé. Nous pensons que la grave instabilité émotionnelle que manifeste M. Trump dans ses paroles et ses actes le rend inapte à servir en tout sécurité en tant que président de la République ».
L’opportunité de poser un tel diagnostic à distance, sans avoir fait l’objet d’une consultation, fait toutefois débat outre-Atlantique. Dans une lettre en forme de réponse, un éminent psychiatre dit aux signataires tout ce qu’il pense de la démarche de ceux qu’il désigne comme des « psychiatres auto-proclamés ».
"Stigmatisant" pour les malades
« La plupart des diagnosticiens amateurs ont classé Donal Trump parmi les troubles narcissiques de la personnalité, écrit celui qui a lui-même « créé les critères qui définissent ce trouble ». Son jugement est sans appel : M Trump « ne remplit pas ces critères ».« C’est probablement un narcissique de première classe », mais cela ne relève pas d'une pathologie mentale, selon lui. « M. Trump génère plus qu’il ne subit un sentiment d’angoisse profonde ».
Allen Frances trouve par ailleurs « stigmatisant et insultant pour les personnes atteintes de pathologiques mentales (qui pour la plupart sont bien élevées et bienveillantes) d’être mises dans le même sac que Trump (qui n’est ni l’un ni l’autre) ».
Incompétence non pathologique
« C’est un moyen erroné de dénoncer les attaques de M. Trump envers la démocratie », poursuit-il encore. Pour le médecin, nul besoin de complexifier le diagnostic ; le président « devrait être attaqué sur son ignorance, son incompétence, son impulsivité et sa recherche de pouvoirs dictatoriaux ».
Et de conclure, tranchant : « ses motivations psychologiques sont trop évidentes pour être intéressantes ; les analyser n’arrêtera pas sa prise de pouvoir effrénée. L’antidote à cette sombre ère Trumpienne est politique, pas psychologique ».