L’autisme peut être prédit avant un an, bien avant que les symptômes n’apparaissent, indiquent des chercheurs du centre de recherche sur l’autisme de l’hôpital pour enfants de Philadelphia (Etats-Unis). Dans Nature, ils expliquent qu’il est possible d’identifier les enfants touchés par ce trouble en associant l’IRM cérébral et des algorithmes mathématiques. Cette détection précoce permettrait de mettre en place très tôt des thérapies, et ouvre la voie au développement de traitements préventifs.
Cette recherche s’est particulièrement intéressée aux enfants ayant déjà un frère ou une sœur atteint d’autisme, qui sont, du fait de l’implication importante de facteurs génétiques, plus à risque que les autres de développer ce trouble. Aujourd’hui, les médecins n’ont pas d’autre choix que d’attendre les 2 ans de l’enfant et de surveiller attentivement leur développement pour savoir s’ils sont eux aussi frappés par cette pathologie.
Signes évocateurs
Mais selon les chercheurs américains, l’IRM cérébral permet de mettre en évidence des signes évocateurs de l’autisme avant cet âge fatidique. Ils ont pour cela étudier le cerveau de 106 enfants nés dans une fratrie touchée par l’autisme et de 42 enfants avec un risque faible. Les IRM ont été réalisées à 6 mois, puis un et deux ans.
A chaque fois, les scientifiques ont mesuré la surface et le volume du cerveau, ainsi que l’épaisseur du cortex. L’analyse des clichés révèle que les enfants développant un trouble du spectre autistique présentent une croissance neurologique plus importante que les autres entre 6 et 12 mois. Or des travaux précédents ont déjà montré qu’une grande surface cérébrale est liée à un risque accru d’autisme.
Une fois ces mesures enregistrées, il a été possible de calculer le risque d’autisme pour chaque enfant grâce à des modélisations mathématiques. Cette approche statistique a permis d’identifier avec plus de 90 % de précision les enfants atteints d’autisme à 2 ans. « Les résultats de cette étude sont un bouleversement pour le diagnostic précoce de l’autisme, se réjouit Robert Schultz, directeur du Centre de recherche sur l’autisme et responsable de l’étude. Alors que nous savons depuis longtemps que ce trouble émerge subtilement et progressivement au cours des premières années de vie, ces travaux apportent la première preuve d’un diagnostic possible avant un an chez les enfants à haut risque ». Le médecin reconnaît toutefois qu’il faudra répliquer ses résultats lors de prochains travaux.
Vers des traitements préventifs
Les auteurs soulignent également que cette découverte ouvre la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques. « En utilisant l’imagerie cérébrale, nous avons pu mettre en évidence des anomalies de développement dans certaines zones cérébrales qui contribuent à l’autisme. Une meilleure compréhension de ces mécanismes pourrait nous mener à de nouvelles opportunités de développement thérapeutiques, et éventuellement des traitements préventifs à prescrire avant les premières manifestations de l’autisme », espère le médecin.