Les coutures craquent dans les hôpitaux du Royaume-Uni. Alors que les critiques se multiplient à l’égard du système de santé national, l’Association médicale britannique (BMA) porte l’estocade. Dans un rapport sur la disponibilité des lits, elle estime que le NHS « est au point de rupture ». Car si la demande augmente, l’offre, elle, recule régulièrement.
Retards dans l’hospitalisation, temps d’attente aux urgences, opérations annulées… Le tableau de l’hôpital public britannique n’est guère reluisant. En 15 ans, le nombre de lits disponibles a chuté de 20 %. On ne dénombre plus que 2 lits pour 1 000 personnes. Dans les services psychiatriques, c’est pire : l’offre a reculé de 44 %. Or, « le Royaume-Uni dispose déjà du plus faible nombre de lits par personne en Europe », peste le Dr Mark Porter, président du conseil de la BMA.
Des lits surchargés
Les conséquences de ces tensions n’ont pas tardé à émerger. Les engorgements sont réguliers dans les services. Rien qu’en novembre dernier, un patient sur sept a dû attendre quatre heures avant qu’un lit ne se libère. Ces goulets d’étranglement, durant lesquels la demande est trop forte, ont une fâcheuse tendance à se reproduire. Ainsi, chaque hiver, le NHS prend les devants et annule de nombreuses opérations.
Mais le problème a tendance à devenir chronique. Les autorités recommandent que le taux d’occupation des lits avoisine 85 %. Cela permet de faire face à une crise, si le besoin s’en fait ressentir. Plus facile à dire qu’à faire, au vu des chiffres communiqués par la BMA. Au moins un jour par semaine, le taux d’occupation excède 95 % dans trois trusts – les établissements du NHS – sur quatre.
Sortir la tête du sable
« Une forte occupation des lits est le symptôme d’une pression plus large, d’une demande étirée à l’extrême et d’un système sous-financé », explique Mark Porter. De fait, la rotation s’effectue mal car les effectifs ne parviennent pas à assurer le rythme nécessaire. « Les hôpitaux ne peuvent pas fonctionner à 100 % d’occupation, dans la mesure où des lits de secours sont nécessaires pour pallier les variations naturelles de la demande et s’assurer que les patients ‘naviguent’ à travers l’établissement », détaille le rapport.
Outre les retards de prise en charge, les tensions se traduisent par un placement dans les services inadaptés et une augmentation du risque de maladie nosocomiale. L’Association médicale britannique demande donc un nouveau plan de gestion des lits « qui soit applicable ».
Mark Porter interpelle directement les décideurs. « A long terme, il faut que les politiciens sortent la tête du sable et fournissent une solution durable au financement et aux difficultés de place qui submergent les services de santé », juge-t-il.