Pas de fromage au lait cru, pas de charcuterie ni de sushis. Pour les femmes enceintes, le régime est sévère. L’interdiction de ces produits vise l’élimination des risques de listériose. Cette infection, dans les derniers mois de grossesse, est rarement dangereuse pour la mère, mais peut provoquer des morts in utero, ou des accouchements prématurés. La listériose peut aussi être responsable de problèmes respiratoires à la naissance, ou de méningites après quelques semaines, auxquelles un nourrisson sur cinq succombe.
Mais les risques pourraient aussi être élevés dès le début de la grossesse, d’après des chercheurs de l’université du Wisconsin (États-Unis). Dans une étude publiée dans le journal mBio, ils expliquent que certaines fausses couches précoces et inexpliquées pourraient être causées par des listérioses passées inaperçues.
La listeria abîme la placenta
Des guenons gestantes et infectées par la Listéria ont toutes été victimes de fausses couches. Les mères n’avaient pourtant, pour aucune d’entre elle, montré quelque signe de maladie que ce soit.
En effet, si la bactérie est dangereuse pour les foetus, elle ne l’est pas pour l’ensemble de la population, en dehors des personnes âgées ou immunodéprimées. Ce qui met les futurs bébés encore plus à risque : une infection à Listeria passe souvent inaperçue, car elle ne provoque que des petits syndromes grippaux, et est même souvent totalement asymptotique.
En analysant les tissus utérins des singes, les chercheurs se sont aperçus que la bactérie avait envahi le placenta et l’endomètre. Ils estiment que l’inflammation causée par la réponse immunitaire de la mère affecte le placenta, et lui ôte son rôle protecteur.
« Le placenta devrait être une barrière, explique Ted Golos, professeur de gynécologie. Mais nous émettons l’hypothèse que les tentatives du système immunitaire d’éliminer la bactérie ont pour effet collatéral d’abîmer le placenta, et de permettre à la bactérie d’atteindre le foetus ».
Une infection rare, mais dangereuse
Heureusement, la société a combattu la Listeria pour éliminer au maximum les risques. Les procédures de l’industrie alimentaire protègent contre la prolifération de cette bactérie, active dès 4 °C (elle peut se développer, même au réfrigérateur). En France, seus 300 cas sont recensés chaque année.
Mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’en inquiéter. « Le problème de cette maladie n’est pas un nombre de cas particulièrement important, mais la gravité des conséquences », explique Charles Czuprynski, professeur de pathologies infectieuses à l’université du Wisconsin.
Des antibiotiques sont efficaces pour la combattre. Mais encore faut-il savoir quand les mères sont infectées. Les précautions pour les femmes enceintes sont donc plus que jamais d’actualité.