L’épidémie de Zika en Amérique latine a révélé la face sombre du virus. Asymptomatique dans la plupart des cas, il est responsable de malformations et de divers troubles chez les enfants exposés in utero. L’ampleur des séquelles pour le fœtus a fait l’objet d’un groupe de travail rassemblé par les Instituts américains pour la santé (NIH). Ils publient, ce 20 février, un compte-rendu détaillé dans le JAMA Pediatrics. Bien après la naissance, Zika continue de faire des dégâts. 42 % des bébés exposés souffrent d’anomalies.
Des répercussions distantes
La microcéphalie est le visage le plus connu du virus transmis par le moustique. Dans 20 pays, plus de 2 000 cas ont été rapportés aux autorités sanitaires. Le Brésil est à « l’épicentre de l’épidémie », souligne le compte-rendu. Mais les atteintes cérébrales vont bien au-delà de cette malformation, qui peut d’ailleurs se déclarer après la naissance.
Les médecins soulignent ainsi des cas d’hydrocéphalie, des anomalies dans la structure du cerveau (cortex affiné, asymétrie des hémisphères) qui se traduisent par des troubles neuro-développementaux. Ainsi, les enfants présentent des réflexes primitifs exacerbés, des problèmes de posture, mais aussi des retards de développement et des épilepsies.
Les anomalies cérébrales ont aussi, dans certains cas, des répercussions plus distantes. Anomalies des membres, infections respiratoires mais aussi problèmes de vue, d’audition ou de digestion sont autant de troubles recensés chez les enfants exposés au virus Zika. Au Brésil, par exemple, des anomalies de la rétine ou du nerf optique sont souvent diagnostiquées.
Coordonner la prise en charge
Ces troubles seraient liés directement à la malformation lors du stade fœtale, selon les experts. Les lésions neurologiques entraînent une réaction en cascade. Cette observation a déjà été émise dans le cadre d’autres infections congénitales, comme les cytomégalovirus. La question de la période à risque reste en suspens : il est actuellement impossible de prédire à quel moment de la grossesse le virus n’a plus d’effet sur le développement.
De nombreuses femmes ont été exposées au virus Zika durant la grossesse. La prise en charge de tous les enfants infectés et porteurs de ces pathologies va constituer un enjeu majeur pour les Etats concernés. Le groupe de travail appelle à coordonner la prise en charge et impliquer toutes les spécialités. Les parents auront aussi besoin d’aide, selon les chercheurs. Car ils jouent un rôle crucial : « une réactivité verbale élevée des parents a été associée à de meilleurs résultats sur le langage dans certaines maladies chroniques », expliquent-ils.
Cette infographie fait le résumé des dégâts causés par le virus Zika sur les enfants exposés in utero (Source : NIH)