La France n’a jamais autant compté de médecins, et pourtant se soigner est devenu un cauchemar pour certains malades. En cause : des listes d’attente à rallonge, des départs en retraite sans remplaçant et le développement de déserts médicaux.
Un phénomène qui touche à la fois les zones rurales et les villes, et qui préoccupe les habitants de ces régions sous-dotées. Le sujet s’est d’ailleurs invité dans les débats à la présidentielle de 2017. Directement concerné, le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) participe activement à ce débat en publiant un nouveau rapport intitulé « Améliorer l’offre de soins : initiatives réussies ».
Le constat de l’institution est sévère : le système de santé actuel est au point mort et n’arrive pas à se réinventer. Or dans les territoires, des initiatives naissent et sont susceptibles d’attirer les jeunes médecins. Alors pendant un an, le Dr François Arnault, délégué général aux relations internes du CNOM, a fait un tour de France pour découvrir ces projets portés par des acteurs locaux. Une centaine d’initiatives capables de sauver la démographie médicale a ainsi été recensée.
A l’issue de ce recensement, le rapporteur note 4 principales catégories d’initiatives « qui portent d’ores et déjà leurs fruits dans les territoires ». Il s’agit de la création des maisons pluridisciplinaires de santé (MSP) qui permettent un regroupement des professionnels de santé, l’accompagnement et l’encouragement aux stages professionnalisant pour les étudiants, la mise en œuvre de lieux multiples d’exercice et l’assistanat des médecins installés.
Regrouper les professionnels
À ce jour, près de 900 maisons de santé sont en service. Ces structures, qui regroupent médecins et professionnels paramédicales, répondent aux attentes des jeunes médecins. Travail en groupe, possibilité d’un temps partiel, partage des tâches administratives… Toutes ces garanties apportées par le regroupement de médecins apporte « stabilité » et « confort » aux jeunes praticiens, et les rassurent, indique le rapport.
Ces initiatives ne sont ni « novatrices » ni « originales », reconnaît le Dr François Arnault mais elles fonctionnent. La Mayenne, le Finistère, l’Aveyron ou encore la Meuse ont en tout cas beaucoup misé sur ces structures. Dans certains départements, des mairies ont signé des conventions pour que des médecins des maisons de santé se déplacent dans les villages et tiennent une permanence de soins au moins une fois par semaine. « Un projet reproductible qui peut être adapté à d’autres situations sur le territoire », assure le rapport.
Mais ces structures n’attirent pas seulement les praticiens en exercice. La jeune génération encore sur les bancs de la fac privilégient ces maisons de santé lors de leur choix de stage, au détriment des cabinets isolés. Le Dr Arnault salue, en particulier, la création de MSP universitaires qui souhaitent agir dans la formation des médecins. Il cite notamment celle de Sucy en Brie (Val-de-Marne) où tous les praticiens ont obligation d’être maître de stage, ou Saint-Pardoux-la-Rivière (Dordogne) qui prévoit un logement pour les internes.
Pour les auteurs du rapport, ces organisations sont aujourd’hui « le relais indispensable de la politique de formation ».
Délégation des tâches et télémédecine
Pour améliorer l’accès aux soins, le Dr Arnault cite également la place croissante de la télémédecine. Plusieurs communes, et notamment des îles, optent pour ces plateformes et cabines qui permettent d’avoir accès en visioconférence à un médecin.
Autre solution : la délégation des tâches. En ophtalmologie, les orthoptistes peuvent réaliser certains examens et renouveler des ordonnances à la place du spécialiste, ce qui permet de réduire les délais d’attente. Une expérimentation qui fait ses preuves en Seine-Maritime, Sarthe ou Rhône-Alpes. Des délégations de compétence ont aussi été mises en place dans de nombreuses régions entre les généralistes et les infirmières. Elles sont notamment en charge de l’éducation thérapeutique auprès des patients diabétiques.