L’incidence de la maladie de Parkinson est en constante augmentation. En 30 ans, le nombre de cas diagnostiqués est passé de 40 à 56 pour 100 000, soit une augmentation de 40 %. Et les traitements récemment développés, s’ils permettent de traiter certains symptômes et de ralentir l’avancée de la maladie, ne permettent pas de la soigner.
Mais on va parfois chercher bien loin ce que l’on a à portée de la main. Des chercheurs de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (Paris) ont publié des résultats surprenants dans la revue Scientific Reports. Les test effectués in vitro avec un simple antibiotique, la doxycycline, pourtant développé il y a plus de 50 ans, suscitent l’espoir. Utilisée à faibles doses, elle serait capable de réduire la toxicité d’une protéine, l’α-synucléine, qui s’accumule dans le cerveau des patients atteints de de la maladie de Parkinson.
Une histoire de dosage
Un dosage normal de 200 à 400 mg par jour procure un effet antibiotique, alors qu’à dose dix fois plus faible (20-40 mg), il disparaît au profit d’un effet anti-inflammatoire, intéressant pour protéger les neurones. Pourquoi ne pas utiliser directement des anti-inflammatoire classiques ? Parce qu’ils n’agissent pas sur les neurones concernés, expliquent les chercheurs.
En plus, la doxycyline pourrait aussi agir directement sur l’α-synucléine, produite dans la maladie de Parkinson, en modifiant sa composition, et en limitant à la fois son agrégation sur les neurones, et sa toxicité.
Les avantages d’un médicament connu
Plusieurs médicaments ont déjà montré des résultats encourageants in vitro. Mais une fois appliqués in vivo, leur toxicité empêche de les développer comme thérapies. La barrière hématoencéphalique - qui isole le cerveau des toxines, des agents pathogènes et des hormones présents dans le sang - empêche aussi aux molécules thérapeutiques d’atteindre les zones du cerveau visées.
Des inconvénients que n’a pas la doxycycline, qui passe bien la barrière hématoencéphalique. Utilisée depuis les années 1960, ses effets secondaires sont aussi bien connus (photosensibilité, troubles hépatiques chez les femmes enceintes), et elle est globalement considérée comme très sûre.
Face à l’apparition de bactéries résistantes aux antibiotiques, l’utilisation au long cours d’antibiotiques peut paraître dangereuse. Mais, d’après les chercheurs, elle ne doit pas susciter d’inquiétude. À ces doses, la doxycycline n’agirait pas du tout sur les bactéries, et ne participerait donc pas à l’antibiorésistance.