Insuffisance cardiaque et activité physique ne sont pas antinomiques. Bien au contraire. Une étude parue dans Circulation confirme que l’exercice régulier améliore le pronostic de ces malades à bout de souffle.
En France, un million de personnes souffrent de cette pathologie. Chez ces derniers, la pompe cardiaque n’est plus en mesure d’assurer un débit sanguin suffisant, et de satisfaire les besoins en oxygène du corps. Un dysfonctionnement qui n’affecte pas que les seniors. Les enfants et les femmes enceintes peuvent aussi souffrir d’insuffisance cardiaque en cas d’infections, maladies génétiques ou d'œdème.
« Auparavant, l’insuffisance cardiaque était traitée uniquement par médicaments. Les options thérapeutiques se sont ensuite étendues par l’implantation de pacemaker capable d’optimiser les contractions du muscle cardiaque et prévenir les arrêts cardiaques, explique le Pr Martin Halle, professeur de la réadaptation cardiaque à l’université technique de Munich (Allemagne), soulignant que l’activité physique ne faisait pas partie de l’arsenal thérapeutique. En fait, elle était même déconseillée aux patients car les médecins avaient peur qu’elle aggrave la pathologie.
L'activité physique, un pilier du traitement
Néanmoins au cours des dernières années, la littérature scientifique a montré les bénéfices d’une activité régulière pour les patients. Ils sont plus endurants, réduisent leurs risques d’hospitalisation liés à la décompensation cardiaque, et gagnent en autonomie. Les avantages sont tels que l’activité physique est aujourd’hui l’un des piliers du traitement de l’insuffisance cardiaques. Des ateliers sont même proposés dans les hôpitaux.
Les chercheurs allemands de l’université de Munich ont tout de même voulu prouver que l’exercice physique ne détériore pas le muscle cardiaque. Alors entre 2009 et 2014, ils ont étudié 261 patients. Les volontaires ont été suivis en moyenne pendant un an. Parmi eux, certains ont bénéficié d’un programme supervisé durant les 3 premiers mois de l’expérience. Au cours des 9 mois suivants, ils devaient poursuivre ces exercices. En revanche, d’autres participants devaient s’entraîner seuls de leur côté, et un dernier groupe n’a pas été invité à faire du sport.
Au moins 3 000 pas par jour
Les résultats montrent que l’état de santé des malades ayant bénéficié d’un programme supervisé s’est davantage amélioré que celui des autres volontaires. « Nous avons observé une diminution de la taille du ventricule gauche, accompagné d’une amélioration de la fonction cardiaque, ce qui améliore leur condition physique, indique le Pr Halle. En outre, les patients ayant réalisé une activité physique s’en sortent mieux que les malades inactifs, notamment parce qu’ils sont moins hospitalisés.
Toutefois, les chercheurs soulignent qu’il n’est pas nécessaire de s’entraîner pour un marathon. « Je découragerai les malades qui souhaitent pratiquer une activité intense tant que les études scientifiques n’ont pas montré que cela était sûr », explique le médecin allemand. Par contre, il recommande de réaliser 100 pas par minute ou 3 000 pas en une demi-heure.