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Etude Inserm

Le stress pénalise davantage les ouvriers

Par la rédaction

Le stress semble associé à une pression artérielle plus élevée chez les ouvriers et les chômeurs, que chez les cadres et les professions libérales. 

GELEBART/20 MINUTES/SIPA

Stress et hypertension: quand la lutte des classes s'en mêle. C'est le titre d'une étude que viennent de présenter des chercheurs de l'Inserm. Essayant de clarifier l'association possible entre stress et hypertension, leur recherche a donné des résultats étonnants. L'impact du stress est différent en fonction du statut socioprofessionnel de la personne.

Cette étude porte sur près de 123 000 personnes ayant réalisé un bilan dans un centre d'examens de santé. Suspectant l'impact du statut socioprofessionnel sur les liens entre stress et hypertension, les auteurs ont réparti ces personnes en trois catégories professionnelles (ouvriers et chômeurs, employés et professions intermédiaires, et cadres et professions libérales). Leur pression artérielle a été mesurée et leur niveau de stress évalué grâce à un questionnaire rapide en quatre items. 

Les auteurs de cette étude ont constaté que chez les personnes appartenant à la catégorie la plus élevée, le stress est corrélé de façon négative à la pression artérielle. En d'autres termes, cela signifie que les individus occupant des postes valorisés et rapportant une situation de stress ont moins de probabilité d'être hypertendus.
A l'inverse, dans la catégorie la plus basse et chez les chômeurs, le stress est associé positivement à une tension élevée.
Des résultats  que le Dr Cédric Lemogne, chercheur à l'Inserm et coauteur des travaux nuance: « C’est la première fois qu’une étude de grande ampleur montre l’influence du statut socioprofessionnel sur le lien entre stress et pression artérielle. Ce lien est parfois considéré comme une évidence alors qu’il fait toujours débat. Les études sont très contradictoires : certaines montrent une association significative alors que d’autres pas du tout. Des études montrent même une association inverse. Nos résultats suggèrent que tout ceci est à nuancer. Néanmoins, je tiens à préciser que dans notre étude, nous parlons de pression artérielle élevée et non d’hypertension, ce qui aurait demandé plusieurs mesures de la pression artérielle à plusieurs jours d’intervalle  », clarifie Cédric Lemogne.

 

Face ce nouveau constat, les chercheurs de l'Inserm avancent quelques hypothèses. Parmi elles, un stress qui serait plus dur chez les personnes occupant des postes peu valorisés: « Les personnes qui occupent des postes peu valorisés ou qui sont au chômage éprouvent peut être un stress plus dur, lié par exemple à la précarité financière ou à des conditions de travail pénible, par rapport à une personne ayant un métier plus confortable, suggère le chercheur. Au niveau cérébral, la perception d’un faible rang social est associée à une réactivité accrue, ce qui pourrait déclencher une élévation plus forte de la pression artérielle en cas de stress », décrit-il. 
Autre explication apportée par l'équipe, celle de la perception de son propre stress: « Les personnes appartenant aux catégories socioprofessionnelles plus élevées pourraient avoir davantage conscience d’être stressées face à certaines situations. Or, certains travaux suggèrent qu’une meilleure conscience de nos émotions favorise la régulation de la pression artérielle », conclut le Dr Lemogne.