A partir du 1er mars, les médecins pourront prescrire du sport. C’est à cette date que la loi de modernisation du système de santé entre en vigueur. Une évolution attendue de longue date, car les bienfaits d’une activité physique adaptée en prévention ou en traitement des maladies sont bien identifiés. Mais ce 22 février, Le Monde publie une tribune qui douche l’enthousiasme collectif.
Jean-Marc Descotes, co-fondateur d l’association CAMI – Sport et Cancer, y déplore le manque de moyens alloués aux médecins et aux services publics. Actif depuis 17 ans dans le domaine associatif, l’homme dénonce l’immobilisme du ministère de la Santé, qui « signe un coup d’arrêt à toute la filière du "sport-santé". »
De fait, le décret ne précise pas les modalités de prise en charge ou les structures capables d’organiser l’activité physique adaptée. La déception est d’autant plus forte que l’association a participé à la rédaction de cette loi et a essuyé les plâtres. Pourquoidocteur revient avec lui sur l’aventure.
A qui s’adresse la prescription d’activité physique ?
Jean-Marc Descotes : Aujourd’hui le sport sur ordonnance est ouvert à tout le monde. Dans l’esprit de la loi, il va s’adresser à des gens susceptibles de développer des maladies chroniques ou qui en souffrent déjà. Il y aura, normalement, une prescription médicale. Les personnes vont rencontrer un médecin – généraliste ou spécialiste –, qui va faire un état des lieux. Suivant la pathologie, il est censé établir un bilan fonctionnel, en fonction duquel il prescrira une activité physique aux personnes.
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Qu’aurait dû préciser le décret pour faciliter la mise en œuvre ?
Jean-Marc Descotes : Le décret d’application a donné l’illusion qu’il ferait entrer l’activité physique et sportive (APS) dans le champ de la santé. Mais il n’en a pas donné les moyens. Aujourd’hui, il n’y a aucune condition de remboursement ou de financement de ces activités par les institutions. Encore une fois, les associations et les gens impliqués auront l’obligation de se débrouiller par eux-mêmes pour trouver les moyens de leur pérennisation.
Pour améliorer la situation, ce n’est pas compliqué : il suffit d’inscrire le remboursement des APS dans la loi de la sécurité sociale. Cela ne signifie pas une prise en charge à 100 % par la Sécu. Les régimes complémentaires ont un rôle à jouer, et certains prennent déjà le sujet à bras le corps. Cela obligera, de toute façon, à redéfinir les compétences, les critères d’intervention, les notions de sécurité et d’évaluation des projets qui seront mis en œuvre. Sans cela, on n’aura jamais d’évaluation de l’efficience des projets à venir.
Justement, d’autres initiatives peuvent-elles servir d’exemple ?
Jean-Marc Descotes : Il y a deux types de structures mises en place pour le « sport-santé ». Il y a d’abord les villes « sport sur ordonnance », où une dynamique a été mise en place dans les villes pour inciter les médecins généralistes à prescrire de l’APS, et offrir des associations qui orientent vers d’autres structures. C’est un projet intéressant parce qu’il offre une traçabilité et un suivi des patients. Il y a beaucoup de prévention et de stabilisation des maladies chroniques.
D’autres associations, comme la nôtre, interviennent sur le champ de la thérapeutique. Elles s’occupent des douleurs et des affections liées au traitement de la maladie du cancer. Il ne serait pas très compliqué de s’inspirer de cela, de le valider et de donner les moyens de le dupliquer.