Nos excréments s'avèrent de plus en plus utiles à la science. C’est en effet grâce aux selles de 113 patients atteints de mélanome que des chercheurs du Texas (Etats-Unis) ont amélioré leur connaissance des immunothérapies. Les personnes dont le microbiote est pauvre ont moins de chances de tirer les bénéfices de ces traitements novateurs. C’est la conclusion des analyses, qui sont présentés au Congrès de la Société américaine d’oncologie clinique (ASCO), organisé à Orlando du 23 au 25 février.
L’ensemble des patients intégrés dans cet essai souffrait de mélanome métastatique. 93 d’entre eux étaient sous immunothérapie anti-PD1, qui active la réponse immunitaire face aux tumeurs. Parmi eux, 30 ont répondu au traitement. Une réelle différence émerge entre les deux profils.
Les patients qui ont vu leur cancer régresser sous immunothérapie ont un microbiote plus varié. A l’inverse, ceux qui n’ont pas constaté d’évolution ont une flore intestinale moins riche. En revanche, la quantité de Bacteriodales est plus prononcée chez ces patients.
Améliorer le taux de réponse
« L’immunothérapie anti-PD1 est efficace pour de nombreux patients atteints de mélanome, mais pas tous, et les réponses ne sont pas toujours durables », rappelle Jennifer Wargo, co-auteur de l’étude. En effet, ces traitements occasionnent 33 à 43 % de réponses. Les chercheurs veulent donc comprendre comment améliorer cette efficacité. Une démarche qui leur a valu de recevoir le financement du programme gouvernement Moon Shot, qui a pour objectif d’accélérer la recherche contre le cancer.
Deux types de recherches évoluent en parallèle à l’université du Texas, et toutes deux sont liées à ces travaux. Au stade préclinique – chez l’animal – les chercheurs tentent de comprendre dans le détail comment le microbiote intestinal influence la réponse immunitaire. « Des preuves issues des travaux précliniques ont mis en évidence un lien entre les tumeurs solides, la réponse immunitaire, et le microbiote », explique Vancheswaran Gopalakrishnan, également auteur de l’étude.
Chez l’homme, d’autres équipes tentent de modifier l’équilibre de la flore intestinale afin d’améliorer les réponses aux immunothérapies.