Dans l’Hérault, les forces de l’ordre en ont « ras-le-bol ». Depuis le début de la semaine, une cinquantaine de policiers des commissariats de Sète et d'Agde ont cessé leur activité pour protester contre leur rythme et conditions de travail. Tous sont en arrêt pour « dépression » ou « épuisement professionnel »
« L’impression générale dans la commune est qu’il y a un mouvement de solidarité envers des collègues qui ont craqué, qui sont eux vraiment en burn–out », glisse à Pourquoidocteur le Dr Marie-Thérèse Mattera, généraliste à Sète dans un cabinet situé à 50 mètres du commissariat.
Un mouvement de solidarité confirmé par Bruno Bartocetti, membre du syndicat SGP Police-FO. « Ce n’est pas par hasard que 30 à 40 policiers dans un commissariat s’arrêtent en même temps. Même si cela n’est pas recevable scientifiquement de parler de burn-out collectif, il existe un épuisement collectif auquel s’est ajouté une colère collective », explique le policier de Montpellier.
Et c’est dans cet esprit solidaire que « les policiers sont allés individuellement chez leur médecin pour obtenir un arrêt de travail ». Certains se seraient rendus aux urgences lorsque leur médecin estimait que leur état de santé ne justifiait pas un arrêt, précise Bruno Bartocetti.
Des policiers qui se sentent abandonnés
A l’origine de cette colère, les conditions de travail. Heures supplémentaires non payées, rappels sur les congés, sous-effectifs… « Nous, on se donne à fond dans notre travail, et en retour, on demande juste à avoir de meilleurs conditions », confiait un policier sétois à nos confrères de France Info.
Soutenus par les syndicats, les policiers ont réclamé, fin janvier, une nouvelle organisation du travail pour leur permettre de passer plus de temps en famille. Cette proposition prévoyait un week-end de repos toutes les deux semaines contre un toutes les 6 semaines actuellement. Mais la direction départementale de la police a refusé cette réforme.
Certificats de complaisance ?
Un refus qui pourrait bien mettre le feu aux poudres. « A Montpellier, des collègues commencent à être en arrêt maladie. Sur 25 effectifs de police secours qui devaient tourner cette après-midi, il n’y a que 7 présents », indique Bruno Bartocetti qui n'écarte pas la possibilité que le chiffre augmente dans les prochains jours.
Cette vague d’arrêts maladie interroge tout de même sur le rôle des certains médecins généralistes. « C’est quand même un arrêt massif et brutal. On peut se demander si des policiers n’ont pas un peu fait pression sur leur médecin pour obtenir un arrêt maladie pas toujours justifié sur le plan médical, relève le Dr Bertrand Billet, généraliste à Frontignan, commune voisine de Sète, et secrétaire du syndicat MG France. Bien qu’il comprenne les revendications des policiers, il rappelle à ses collègues que les arrêts de travail de complaisance sont interdits.