Gêne respiratoire, nez qui coule, toux, fièvre… Chaque hiver, quelque 480 000 nourrissons sont touchés par la bronchiolite, dont 2 à 3 % seraient hospitalisés pour une forme sévère. Une pathologie respiratoire très fréquente chez les enfants de moins de 2 ans, en raison d’une particularité de leur système immunitaire, selon une étude publiée dans Immunity.
Cette maladie infectieuse est principalement causée par le virus respiratoire syncytial (VRS) qui se transmet par la salive, les éternuements, la toux, et les objets et mains souillés. Si chez l’adulte et l’enfant il est responsable d’un rhume, il est à l’origine de la bronchiolite chez les tout-petits. Et ce virus apprécierait tout particulièrement un type de globules blancs, rapportent les chercheurs de l’Institut Pasteur de Paris et de Shanghai, de l’hôpital Bicêtre AP-HP, de l’Université Paris-Sud et du CNRS.
Les scientifiques français ont en effet découvert que cet agent pathogène s’attaque à des lymphocytes B uniquement retrouvés chez les très jeunes enfants de moins d’un an. Cette population de cellules immunitaires n’avait jamais été décrite auparavant.
Les lymphocytes B infectés
Dans l’organisme, les lymphocytes B jouent un rôle clé dans les défenses immunitaires. Ils sont notamment chargés de produire des anticorps capables de neutraliser les pathogènes qui agressent l’organisme. Mais cette nouvelle population aurait d’autres propriétés. Elle réduirait l’inflammation et limiterait la réaction immunitaire contre les virus lorsqu’elle est activée. Des actions régulatrices exploitées par le VRS.
Les chercheurs ont, en effet, découvert que le virus infecte ces lymphocytes B, baptisés nBreg. Se faisant, il peut inhiber la réponse immunitaire, et bloquer son élimination par les globules blancs. Grâce à ce mécanisme, le VRS peut utiliser le système immunitaire du nourrisson pour se maintenir dans son hôte.
« Notre travail explique les raisons sous-jacentes, longtemps méconnues, de la susceptibilité des nourrissons à la bronchiolite, commente Richard Lo-Man, chercheur à l’Institut Pasteur et responsable des travaux. En identifiant ces nouveaux lymphocytes nBreg comme biomarqueurs pronostiques de la sévérité de la maladie, il devrait permettre à terme de détecter à la naissance les terrains à risque, et d’aider le corps médical à développer des traitements plus adaptés ».