La greffe de neurones n’est plus de la science-fiction. Il y a environ 10 ans, une équipe française de l’Inserm dirigée par Afsaneh Gaillard a montré que la transplantation de cellules souches permettait de réparer des lésions du cortex. Dans Journal of neurosciences, les chercheurs rapportent que le moment de l’intervention joue un rôle clé dans la récupération fonctionnelle.
Contrairement à certains organes, les capacités de réparation du cerveau sont limitées. Des traumatismes peuvent ainsi laisser des séquelles à vie, parfois handicapantes et invalidantes. L’essor de la thérapie cellulaire, technique qui vise à greffer des cellules, a alors suscité un vif espoir.
L’équipe d’Afsaneh Gaillard a montré qu’en greffant le bon type cellulaire au niveau de la zone endommagée, il est possible de réparer le tissu et restaurer ses fonctions. Pour l’heure, cette approche s’est montrée efficace chez différentes espèces animales.
Mais lors de la poursuite de leurs travaux, les chercheurs ont réalisé qu’il ne fallait pas seulement avoir le bon type cellulaire. La réussite de l’intervention est aussi dépendante du moment où elle est réalisée. Dans leurs expériences précédentes, ces opérations ont toujours été réalisées juste après le traumatisme. Or en pratique, avoir la possibilité de greffer des tissus ou des cellules très vite après l’accident est très rare. Cela est notamment conditionné par la disponibilité d’un greffon compatible. Les chercheurs ont donc testé différents délais, de plusieurs jours à plusieurs mois. Et il s’avère que la greffe est beaucoup plus efficace si elle est réalisée une semaine après l’apparition de la lésion.
Mieux vaut attendre une semaine
Les autopsies montrent en effet que la vascularisation du greffon est plus importante dans ces conditions. Les scientifiques ont par ailleurs constaté que les cellules participent à la formation de nouveaux vaisseaux sanguins, ce qui accroît l’efficacité de la greffe. Résultat : le nombre de neurones survivants est plus important et la création de connexions neuronales est plus rapide. Ainsi, l’étendue de la réparation est bien plus importante et la récupération fonctionnelle est beaucoup plus complète en transplantant une semaine après le traumatisme.
Pour les auteurs, ces résultats ouvrent de nouvelles voies de recherche et des perspectives pour les patients à moyen terme. « L’existence d’un délai avant la greffe donnerait le temps de préparer les neurones nécessaires à la transplantation, que ce soit à partir de cellules fœtales ou de cellules somatiques du patient reprogrammées, se réjouit Afsaneh Gaillard. Elle précise que « dans une étude non publiée, nous avons également constaté que la présence de l’implant favorise en retour les processus de la réparation par les cellules souches endogènes. Nous tenons là un fil pour identifier les facteurs internes alimentant cette auto-réparation, afin de pouvoir renforcer la participation des cellules du patient à la réparation ».