C’est un grand jour pour les citoyens du Vieux Continent. Ce mardi, avec plus de trois ans de retard, la Commission Européenne doit présenter et voter les critères qui permettront de définir un perturbateur endocrinien (PE) et d’en interdire certains au nom du principe de précaution.
Il le faudra, car les perturbateurs endocriniens ont envahi notre quotidien. On les retrouve dans les cosmétiques, les produits alimentaires, les jouets en plastique, les tickets de caisse… Bref, un peu partout. Ces substances chimiques perturbent le système hormonal des personnes exposées et se révèlent particulièrement toxiques pour les femmes enceintes et leur fœtus. Pris séparément, leur dosage est faible mais leur « effet cocktail » inquiète particulièrement les spécialistes.
Incertitudes et inquiétudes
Pas seulement eux, d’ailleurs. Un récent sondage mené par Odoxa pour Le Figaro, la MNH et France Inter démontre la forte préoccupation des Français pour ces substances envahissantes. Les perturbateurs endocriniens figurent ainsi dans le top 3 des priorités exprimées par les sondés en terme de santé publique, derrière la pollution de l’air et la lutte contre les drogues illicites, et devant le tabac, l’alcool ou les ondes électromagnétiques.
Les deux tiers des personnes interrogées déclarent avoir entendu parler des perturbateurs endocriniens, même si la connaissance précise de ces substances et de leurs effets reste lacunaire. En effet, parmi ce groupe, 40 % expliquent ne savoir que « vaguement » de quoi il s’agit. Les seniors (65 et plus) se montrent plus au fait que leurs cadets.
Campagne présidentielle
Au final, connaissances ou pas, 70 % des personnes interrogées se disent « plutôt » ou « très » inquiètes vis à vis de cette problématique. « Ce thème a donc de bonnes chances de s'imposer dans le débat public de la campagne électorale dans les semaines à venir », commente Gaël Sliman, président d’Odoxa (voir encadré).
En 2015, un sondage Harris Interactive montrait qu’une majorité de Français serait favorable à l’interdiction, en priorité et uniquement, des perturbateurs endocriniens avérés (75%). La Commission Européenne en tiendra-t-elle rigueur ? Pas sûr, alors que déjà, des voix appellent à faire fi de son vote et à prendre les devants pour modifier la législation nationale.
Elections présidentielles : qui bannira les PE ?
Les PE se sont invités dans la campagne présidentielle avec le candidat socialiste Benoît Hamon, qui a promis de les interdire au nom du principe de précaution inscrit dans notre constitution. Une proposition bien entendue formulée par l’écologiste Yannick Jadot. A droite toute, on trouve en revanche un tout autre discours avec François Fillon, qui veut enterrer le principe de précaution au motif qu’il serait « dévoyé et arbitraire ».
Au milieu, les positions se veulent plus consensuelles. Emmanuel Macron suggère une « interdiction progressive de certains PE », mais il estime que leur « éradication complète n’est pas possible ». Aux extrêmes, chacun promet de s’attaquer avec fermeté à cette problématique.