A chaque premier rayon printanier, c’est la même histoire : les Français se précipitent en terrasse pour profiter du soleil. Mais le soleil n’a pas que du bon. Les autorités sanitaires s’acharnent à le répéter, une exposition excessive augmente considérablement le risque de cancer de la peau. Les campagnes ont fini par payer, mais elles sont passées à côté d’une partie de la cible. Comme en témoigne un sondage publié dans le Journal of the American Osteopathic Association, les jeunes dont la peau est mate ou noire sont plus à risque de coups de soleil que les autres.
Un cancer rare
437 résidents de l’Etat de Floride ont été interrogés pour les biens de cette recherche, réalisée par l’université Southeastern (Etats-Unis). En ressort une nette corrélation entre un âge jeune et les coups de soleil sérieux : la tranche d’âge des 18-29 ans est 15 fois plus à risque de souffrir d’une brûlure liée à une exposition peu prudente. Les volontaires qui ne se décrivent pas comme blancs sont également plus exposés.
« Ce qui nous inquiète ici, c’est que les participants dont la peau est riche en mélanine pensent qu’ils sont naturellement protégés contre les coups de soleil, ce qui est faux », s’alarme le Dr Tracy Favreau, qui signe l’étude. Ce constat est d’autant plus inquiétant que le mélanome est la forme de cancer la plus fréquente chez les jeunes – alors qu’il ne représente que 2 % des cancers de la peau.
Sans surprise, d’autres facteurs entrent en compte, comme le temps passé en extérieur de jour ou la perception des méthodes de protection. Ainsi, les personnes qui réalisent régulièrement des dépistages auprès d’un dermatologue ou qui se sentent plus exposés au cancer de la peau sont plus à risque.
Recentrer la prévention
Au vu de ces résultats, les chercheurs estiment qu’il est nécessaire de repenser la prévention des coups de soleil, en ciblant les jeunes. « Nous aurions besoin d’une application qui rende la protection ludique et qui récompense la prise de précaution. Se contenter d’avertir des risques n’a pas d’effet », estime Sergey Arutyunyan, co-auteur de l’étude.
Mais cette étude pointe aussi les limites des approches actuelles, qui insistent sur le phototype de la population. « On en distingue 6, correspondant à 6 types de peaux et couleurs d’yeux et de cheveux, détaille ainsi l’Institut national du cancer sur son site. Plus votre phototype est faible et plus il faut vous préserver du soleil. »
Une explication certainement mal comprise : si un phototype élevé réduit le risque de brûlures liées au soleil, « personne n’est à 100 % à l’abri des cancers de la peau », ajoute l’INCa. Lutter contre les idées reçues sera sans doute nécessaire : nombre de personnes pensent encore qu’une peau bronzée protège des coups de soleil.