Menaces, harcèlement, agressions verbales, une violence ordinaire s’est installée au fil des ans et de manière insidieuse à l’hôpital. Comme si la souffrance physique et morale que les personnels soignants doivent panser tous les jours se transformait en un dangereux virus dans les services.
Et les futurs personnels de santé sont en première ligne des ces foyers épidémiques. Certes, ce climat pesant que vivent les internes, les étudiants infirmiers ou sages-femmes, n’a pas vicié l’air de tous les couloirs d’hôpitaux, mais il contribue grandement au mal-être des jeunes pousses de la médecine.
Alors pour briser la loi du silence, une généraliste a recueilli plus de 130 témoignages de maltraitance. Dans un livre qui vient de paraître, Omerta à l’hôpital (éd. Michalon), le Dr Valérie Auslender se garde bien de généraliser ces situations, mais souligne néanmoins l’importance « des maltraitances qui sont très graves » avec « des conséquences dramatiques en matière de santé chez les étudiants ».
Ce système clos, décrit-elle au micro d’Europe 1, donne lieu à tous les abus. La peur de la hiérarchie et des représailles, la nécessité de valider son stage, prennent en tenaille des étudiants désorientés. Mais les auteurs de ces pressions ne sont pas des bourreaux. Nombre d’entre eux en ont été les victimes, mais la tradition a maintenu l’édifice pyramidal au sein des services. Les réorganisations, les réductions d’effectifs, la culture du résultat et du rendement ont fait le reste.