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Semaine nationale

Insuffisance rénale : l'obésité, ennemie des reins

Par Anne-Laure Lebrun

En France, 15 % d'hommes et autant de femme sont obèses. Un excès de poids qui les expose à un risque multiplié par deux d'insuffisance rénale.

belchonock/epictura

Les pathologies rénales sont principalement causées par le diabète ou l’hypertension artérielle. Mais les reins paient aussi un lourd tribut en cas d’obésité, rappelle la Fédération Nationale d'Aide aux Insuffisants Rénaux (FNAIR) à l’occasion de la Semaine nationale du rein organisée du 4 au 11 mars 2017. Avec le slogan « Rein et obésité : un mode de vie sain pour des reins en bonne santé », l’association veut mettre l’accent sur les risques liés à l’excès de poids pour cette 12ème édition.

En France, près de 3 millions d'adultes sont atteints d’une maladie rénale. Une proportion qui ne cesse d’augmenter ces dernières années. La FNAIR relève, en effet, que chaque année, plus de 10 800 personnes apprennent qu’elles souffrent d’une insuffisance chronique terminale nécessitant un traitement par dialyse ou une greffe.

Et dans les années à venir, le fardeau des maladies rénales pourrait bien s’alourdir, en raison de l’augmentation du nombre de personnes en surpoids et obèses. Dans le pays, environ 15 % d’hommes et autant de femmes sont obèses. Une surcharge pondérale qui les expose à un risque multiplié par deux d’insuffisance rénale par rapport aux personnes de corpulence normale.

« En cause, l’hypertension et le diabète directement liés à l’excès de graisse », explique la FNAIR. A elles seules, ces pathologies sont responsables de plus de la moitié des cas d’insuffisance rénale. Néanmoins, la surcharge pondérale représente un facteur de risque indépendant.

 


Se faire dépister

Ces patients doivent donc bénéficier d’un suivi étroit de leur fonction rénale comme le recommande la Haute Autorité de Santé (HAS). Cette surveillance peut s’effectuer par un test urinaire permettant de mesurer la protéinurie ou une prise de sang afin de doser la créatinine.

Des tests qui sont proposés gratuitement toute la Semaine nationale du rein. « En cas d’anomalie, ce dépistage peut permettre une prise en charge précoce, relève l’association de patients insuffisants rénaux. Car en France, c’est là où le bât blesse. « Pour plus d’un tiers des personnes qui souffrent d’une insuffisance rénale chronique (IRC), le diagnostic est posé au dernier moment : ils doivent alors dialyser en urgence », déplore la FNAIR. Une vraie perte de chance alors qu’un dépistage précoce peut permettre de ralentir la progression de la maladie, voire éviter le recours à la dialyse.

De fait, aujourd’hui certains traitements de l’hypertension et du diabète sont efficaces contre les maladies rénales mêmes lorsqu’elles sont déjà installées. « L’importance des mesures hygiéno-diététiques et du contrôle du poids sont également très utiles pour protéger le rein mais ces mesures thérapeutiques non médicamenteuses sont trop souvent négligées », souligne sur son site l’unité « Obésité et maladies métaboliques » à l’hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris).


Evaluer l'impact de la perte de poids

Cette équipe parisienne spécialisée dans la prise en charge de l’obésité et de l’insuffisance rénale a d’ailleurs lancé une étude au début de l’année 2017 afin d’évaluer l’impact de la perte de poids sur la fonction rénale. Les médecins proposeront à des patients atteints d’obésité sévère, et présentant une atteinte rénale soit d’être opérés pour perdre du poids soit de suivre un régime. Les patients seront suivis au moins un an, et l’évaluation de ces techniques devraient être publiée en 2019.

Pour participer à cette étude menée dans plusieurs centres français, il faut être âgé de 18 à 75 ans, avoir un indice de masse corporelle supérieur à 35 et souffrir d'une insuffisance rénale même débutante. Les médecins sont joignables par mail à obesite.rein@aphp.fr ou au 01 40 25 73 01.