L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande de réduire à moins de 10 % de l'apport énergétique quotidien la consommation de sucres « libres ». Ces derniers sont définis comme les sucres ajoutés (1) aux aliments et aux boissons, ainsi que les sucres naturellement présents dans le miel, les sirops, les jus de fruits et les concentrés de jus de fruits.
Publiée en ligne dans la revue Nutrients, une étude menée par des chercheurs français (2) a permis d’analyser les données issues de l’enquête nationale de consommation alimentaire INCA (2) concernant spécifiquement la consommation de sucres libres en France. Et les résultats ont de quoi alerter les nutritionnistes hexagonaux.
Produits sucrés, boissons...
Les scientifiques ont tout d'abord constaté que la consommation des Français en sucre contribue, en moyenne, à 9,5 % de l'apport énergétique des adultes, « en ligne donc avec les recommandations de l’OMS », écrivent-ils. Cependant, les chercheurs ont aussi remarqué que 41 % des participants consomment trop de sucres libres au regard de ces recommandations. Une consommation en excès que l'on sait dangereuse pour la santé.
Que la recommandation de l’OMS soit suivie ou non, les principales sources de sucres libres étaient, par ordre décroissant, les produits sucrés (gâteaux et pâtisseries, sucre, miel, confiture, pâte à tartiner, confiseries, chocolat, biscuits, desserts laitiers et entremets, viennoiseries) ; les boissons (sodas et jus de fruits) ; et dans une moindre mesure les produits laitiers (yaourts sucrés, aromatisés, aux fruits et laits aromatisés).
Autre observation intéressante de l'équipe, les trop forts consommateurs de sucres libres avaient, par ailleurs, des apports énergétiques supérieurs aux autres, notamment en dehors des repas. « Leur alimentation était de moindre qualité nutritionnelle (plus dense en énergie et moins riche en nutriments essentiels) parce qu’ils consommaient non seulement plus de produits sucrés et de boissons sucrées mais aussi moins de fruits et de légumes », notent-ils.
Optimiser la qualité nutritionnelle
Enfin, grâce à une méthode de modélisation, la nutritionniste Nicole Darmon, principale auteure de ces travaux, est parvenue à identifier les changements alimentaires individuels qui permettraient à chaque personne de se conformer à la recommandation de l’OMS sur les sucres libres tout en respectant simultanément 32 autres recommandations nutritionnelles (macronutriments, fibres, vitamines, minéraux, acides gras essentiels, sel…).
Et les résultat rapportés sont très intéressants : « la qualité nutritionnelle de l’alimentation des Français peut être optimisée par une augmentation des quantités de fruits frais, légumes, féculents, yaourts nature, eau et boissons chaudes et une diminution des quantités de viande, de plats composés, de fromage », commente-t-elle.
« Plus spécifiquement chez les trop forts consommateurs de sucres libres, l’atteinte des recommandations nutritionnelles passe par une diminution importante des quantités de produits sucrés (-21 %), de boissons sucrées (-66 %) et de jus de fruits (-30 %) », conclut la chercheuse. Ne reste plus aux Français qu'à appliquer ces conseils dans leur assiette.
(1) Ajoutés par le fabricant, le cuisinier ou le consommateur.
(2) L'étude a été menée par l’Inra, Danone Nutricia Research, MS-Nutrition, l’Inserm et Aix-Marseille Université