Certains y verront sans doute l’illustration du décalage entre les attentes du terrain et les discours politiques. A Grenoble, des urgentistes menacent de démissionner car ils ne supportent plus de voir des patients, souvent âgés, attendre dans des heures dans les couloirs.
Ils se retrouvent « à 30 cm les uns des autres, tous états confondus et on doit faire des visites devant tout le monde, faute de box individuel disponible, ce qui ne respecte pas le secret médical », tonne l’un d’entre eux. Cette situation d’un autre âge est quotidienne. Comme ailleurs, l’activité des urgences augmente chaque année, + 7% de patients en 2012, mais pas le nombre de lits, de matériels ou de personnel. S’ils n’obtiennent pas de postes supplémentaires, les 23 médecins urgentistes remettront leur démission le 15 février prochain.
Face à ces situations extrêmes que partagent bon nombre de médecins, la visite du Premier ministre ce vendredi à Grenoble était particulièrement attendue. Accompagné des ministres de la Santé et de la Recherche, Jean-Marc Ayrault a présenté « une réforme structurelle du système de santé. Aux demandes urgentes, le chef du gouvernement a répondu que ce chantier s'étalerait sur cinq, voire dix ans.
Pour le mener à bien, le gouvernement s’appuiera sur un comité de sages composé de personnalités et présidé par Alain Cordier. « Demain, si nous ne faisons rien, nous risquons de voir se développer une médecine à deux vitesses », a expliqué Jean-Marc Ayrault en plaidant pour une médecine de parcours. « Il faut cesser de concevoir la médecine comme une succession d’actes ponctuels », a-t-il ajouté.
Cette « stratégie nationale de santé » passe par plusieurs défis à relever et que détaillent les services du Premier ministre.
1- c’est à partir du parcours de soins de la personne, patient, personne âgée, personne handicapée, que doit s’organiser le système de santé, pour supprimer peu à peu les ruptures dans la prise en charge provoquées par les cloisonnements;
2- rééquilibrer la politique de santé au profit d’une action sur les déterminants de santé (éducation, logement, emploi...) ;
3- décloisonner notre recherche biomédicale en favorisant le continuum nécessaire entre le soin et la recherche fondamentale jusqu’au lit du malade ;
4- définir le rôle respectif des professionnels de santé et promouvoir le travail en équipe sur le territoire et autour de la personne ;
5- réexaminer le contenu de la formation initiale et continue des professionnels de santé ;
6- repenser les modes de rémunération en ville, à l’hôpital ou dans le secteur médico-social, pour faciliter la mise en place du parcours de soins ;
7- définir les modalités de mise en œuvre de l’engagement du Président de la République de généraliser la couverture complémentaire à tous les Français à l’horizon 2017 ;
8- identifier les conditions d’une amélioration de la gouvernance globale, territoriale et nationale, de notre système de soins et d’assurance maladie.