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Erreur de diagnostic

Sarreguemines : une pédiatre jugée pour le décès d'un bébé

Par Olivier Giacotto

Le procureur de Sarregueminesa requis deux ans de prison avec sursis à l'encontre d'une pédiatre poursuivie pour homicide involontaire sur un nourrisson de 10 mois.

Kuzmafoto/epictura

Le procureur de la République de Sarreguemines (Moselle), Jean-Luc Jaeg, a demandé ce lundi une peine de deux ans de prison avec sursis et de cinq ans d’interdiction d’exercer à l’encontre d’une pédiatre, suite au décès d’un enfant en bas âge survenu à l’hôpital de cette ville de plus de 21 000 habitants.

Tout commence le 29 janvier 2013 lorsque Mayeul, un bébé de 10 mois, est pris de vomissements sévères. Les parents font le choix de se rendre à l'hôpital et renseignent immédiatement le personnel soignant sur les antécédents de l'enfant.

Une seule prévenue à la barre  

Les radios prescrites à 10h du matin ne seront pas effectuées avant le soir. D'après la mère de l'enfant, infirmière de profession, la pédiatre des urgences pédiatriques avait même inscrit la mention « non-urgent » sur la prescription du bébé. Résultat, lorsque les examens sont pratiqués, il est trop tard. L’enfant meurt le lendemain à 4h30 du matin, des suites d’une occlusion intestinale, dans l'ambulance qui le transportait vers le CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Le médecin avait de son côté diagnostiqué une banale gastro-entérite.

Ce lundi 6 mars, la pédiatre a donc comparu devant le tribunal correctionnel de Sarreguemines pour répondre d’homicide involontaire. La praticienne faisait en effet office de responsable de ce service de l'hôpital Robert Prax lors de la prise en charge de Mayeul. Elle est la seule prévenue à devoir affronter la justice.

Les explications de la pédiatre 

A la barre, elle a tenté de se justifier. Elle a ainsi reconnu à demi-mot qu'elle s'est sans doute trompée, et aurait dû demander ces analyses rapidement, mais elle pensait qu’il fallait réhydrater l’enfant avant. Cette dernière a par ailleurs martelé que, pour elle, « c’était une gastro-entérite aiguë à 90 % ! » Et son avocat a aussi noté que l'Agence Régionale de Santé (ARS) ne parle pas de faute caractérisée.

Le procureur a eu de son côté une interprétation des faits totalement différente, en évoquant une double erreur : « la faute est caractérisée. Il y a eu erreur de diagnostic. Et la mention "non urgent" fait froid dans le dos. C’est comme si vous aviez signé l’arrêt de mort de cet enfant », a-t-il lancé dans des propos rapportés France Bleu Lorraine Nord. Le jugement est mis en délibéré au 20 mars prochain.