L’Assistance Publique–Hôpitaux de Paris (AP-HP) fait face à une triste loi des séries. Dans un communiqué publié ce mardi, l'institution confirme le nouveau suicide d’un de ses agents, dans la matinée du 7 mars 2017.
A l’AP-HP depuis plus de 20 ans, cette infirmière de formation, âgée de 45 ans, était affectée au département de l’information médicale (DIM) de l’hôpital Cochin (14ème) depuis six ans. Elle est passée à l'acte dans son bureau. Et malgré l’intervention des secours, la victime n’a pas pu être réanimée.
Sa famille a été immédiatement prévenue. Une cellule de soutien psychologique a été mise en place et accueille les personnels qui le souhaitent.
Comme à chaque fois qu'il s'agit d’un suicide sur le lieu de travail, des actions se sont enclenchées pour en analyser les causes dans le cadre du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). A l’hôpital Cochin, celui-ci se réunira mercredi matin, avec l’appui de la cellule d’analyses des suicides de l’AP-HP.
Un service en difficulté
Annonçant vouloir agir « en tout transparence », l’AP-HP clame qu'elle prend « très au sérieux ce nouvel événement tragique » qui intervient à peine un mois après le suicide d'un jeune infirmier à l'Hôpital Européen Georges-Pompidou (HEGP). Elle écrit même que ce décès « renforce sa détermination dans la prévention et la détection des risques psycho sociaux et l’amélioration des conditions de travail ».
Une réaffirmation qui s'impose car ce drame survient justement dans un service au sein duquel des difficultés fonctionnelles et relationnelles avaient été identifiées. « Cela avait conduit à une enquête administrative menée par la DRH, à l’initiative de la direction du groupe hospitalier Paris Centre (dont dépend l’Hôpital Cochin) et à une expertise du CHSCT », précise l'AP-HP.
Des actions inefficaces
D'après elle, la situation semblait depuis « moins aigüe ». Sauf qu'en réalité, les problèmes de ce service étaient loin d'être réglés. L'AP-HP poursuit, c'est vrai, en indiquant que, malgré de premiers changements d’organisation qui avaient été mis en œuvre, les difficultés étaient « persistantes ». En atteste la décision récente du directeur du groupe hospitalier et du directeur général de procéder à un audit. La première réunion a eu lieu la semaine dernière.
« L’ensemble de ces éléments permettra de déterminer l’existence de liens entre les difficultés relevées dans le service et ce drame », conclut l’AP-HP. Dans l'attente, tous deux présentent leurs condoléances à la famille, aux proches et aux collègues de l’agent.
Hôpital : 200 signalements de maltraitance
En six mois, l'association Jean-Louis-Mégnien a reçu par dizaine des témoignages vibrants de professionnels de santé décrivant des situations de harcèlement au travail. En tout, ce sont 200 médecins, infirmières, soignants, exerçant dans 70 hôpitaux publics, qui ont signalé à l'association qu'ils étaient harcelés par leur hiérarchie.L’association, constituée au lendemain du suicide du Pr Mégnien, cardiologue à l’Hôpital Européen George Pompidou (Paris), a compilé ces témoignages qui constituent la première carte de France de la maltraitance des personnels à l'hôpital, publiée dans Le Parisien.
Source : association Jean-Louis Mégnien. Carte mise à jour le jeudi 9 février. Celle-ci est actualisée tous les mois
Regardez l'émission l'Invité santé avec Karim Mameri, secrétaire général
de l'Ordre des infirmiers
"Infirmier : une profession en souffrance" diffusée le 9 février 2017.