La tuberculose, la diphtérie, la poliomyélite ou encore la fièvre jaune ont un point commun : les vaccins contre ces maladies ont tous été mis au point à l’institut Pasteur, fleuron de la recherche française créé par Louis Pasteur en 1887. Depuis le vaccin contre la rage, un long chemin de recherche a été parcouru par les milliers de scientifiques qui se sont succédés en plus d’un siècle, derrière les « paillasses » de l’institut. Mais à l’approche de son 130e anniversaire, le navire amiral de la recherche sur les maladies infectieuses est dans la tempête.
Plusieurs dysfonctionnements se sont produits ces dernières années. Une enquête judiciaire serait actuellement en cours, et selon Le Parisien, un rapport mettrait en cause le directeur, Christian Bréchot.
Le 19 décembre 2016, une enquête préliminaire aurait été ouverte par le Parquet de Paris à la suite d’une plainte de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’agence reproche à l’institut Pasteur de ne pas lui avoir signalé, comme le prévoit la loi, un incident portant sur des échantillons de virus Mers-Cov. Une chercheuse de l’Institut aurait transporté depuis la Corée du Sud plusieurs échantillons de virus, dans ses bagages, sans aucune précaution particulière. Une manière de procéder qui déroge totalement à la législation sur le transport de ces « MOT » (micro-organismes et toxines) et qui aurait dû faire l’objet d’une déclaration à l’ANSM, lorsque l’Institut en a pris connaissance.
Or, cette affaire n’a été révélée qu’à l’automne 2016, soit plus d’un an après que les faits se soient produits. Le directeur de l’Institut, Christian Bréchot, avait alors admis que la déclaration avait pas été « effectuée à temps », mais soulignait que ces échantillons ne présentaient pas de risque sanitaire puisqu’ils étaient inactivés.
Mais en 2014, l’Institut avait déjà été mis en cause, pour avoir perdu cette fois des tubes contenant des fragments de virus SRAS. La disparition de ces 2 349 échantillons (!) avait été faite au cours d’un inventaire réglementaire. Là encore, l’Institut avait assuré que cette perte ne représentait pas de risque sanitaire.
A ces dysfonctionnements s’ajoute une bisbille interne autour de la direction. Christian Bréchot est accusé de « s’accrocher » à son poste alors que son mandat est censé prendre fin cette année, où il atteint l’âge de la retraite. Le Premier ministre serait intervenu pour faire prolonger son contrat pour un an renouvelable une fois. Une décision invalidée par le conseil d’administration de l’Institut. Christian Bréchot soutient, lui, que c’est l’assemblée générale de Pasteur qui lui a demandé de rester à son poste.