Dans le cadre de son plan d’action sur les contraceptifs oraux combinés (COC), initié en 2012 à la suite de l'affaire des pilules, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) publie ce mercredi les nouvelles données sur l’évolution de leur utilisation en France. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette contraception a du plomb dans l'aile (-5 % par an depuis 2013).
Comme pour les précédents bilans, la part des COC de 1ère et 2ème générations est toujours en augmentation en 2015 (plus de 4 prescriptions sur 10) par rapport à celles des COC de 3ème et 4ème générations, en nette baisse. Pour rappel, ce plan d’action avait été initié en raison du risque de thrombose veineuse et artérielle plus important avec les pilules de nouvelle génération, désormais non-remboursées.
Logiquement, l’ANSM maintient donc ses recommandations aux prescripteurs en leur indiquant que « pour réduire le risque de thrombose veineuse (phlébite, embolie pulmonaire) et artérielle (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde), il est recommandé de privilégier la prescription des COC contenant du lévonorgestrel en association avec la plus faible dose d’œstrogènes (contraceptifs dosés à 20 µg d’œstrogènes) », soit des pilules de 1ère et 2ème génération.
Contactée par Pourquoidocteur, le Dr Danielle Gaudry, gynécologue, rappelle qu'il existe aussi d'autres moyens de contraception que les COC.
Ce bilan de l'ANSM confirme-t-il de la désaffection des Françaises ?
Dr Danielle Gaudry : Le rapport lui-même montre qu'il y a une diminution de prescription au niveau des COC, qui correspond sûrement au fait que les femmes attendent autre chose de la contraception que d'avoir un comprimé. On constate en centre de planification que les plus jeunes estiment que cette prise quotidienne est difficile. Actuellement, elles demandent de plus en plus une contraception de longue durée, comme l'implant ou le dispositif intra-utérin (DIU). On constate même un retour dans la demande des injections trimestrielles, qui avaient presque disparu.
Les médecins français proposent-ils suffisamment de dispositif intra-utérin ?
Dr Danielle Gaudry : Il y a encore parmi mes confrères (spécialistes ou généralistes) une certaine réticence à parler du DIU chez la jeune qui n'a pas eu de grossesse. Les études ont pourtant montré que l'on pouvait tout à fait leur proposer, et en particulier dans la contraception d'urgence, c'est-à-dire dans les cinq jours qui suivent un rapport mal protégé. Simplement, les médecins craignent une instabilité dans la vie sexuelle des plus jeunes, alors que ce n'est pas forcément le cas. Quand elles changent de partenaires, elles savent en effet utiliser le préservatif en prévention des IST.
Est-ce que les praticiens sont assez informés sur d'autres formes de contraception ?
Dr Danielle Gaudry : Je pense qu'il n'y a pas de vraie formation médicale par rapport au diaphragme ou au spermicide. Cela est peut-être dû au fait que ce ne sont pas des méthodes qui ont une efficacité très importante par rapport aux autres contraceptifs. Il y a, à mon avis, un souci du corps médical à proposer des dispositifs peu performants. De plus, le fait de devoir les utiliser à chaque rapport sexuel est un obstacle à une bonne utilisation.