Le dépistage auditif de la surdité chez les nouveaux-nés est obligatoire en France depuis 2012. Mais il a fallu attendre l'année 2014 pour qu’il soit réellement mis en pratique. Et dans le sud-est, cette généralisation est un vrai succès. Dans un communiqué publié ce mardi, les Hospices Civils de Lyon (HCL) font un bilan positif de cette action à l’occasion de la journée de l’audition organisée ce jeudi.
Dans cette région, ces tests sont réalisés à partir de la 36ème heure de vie de l’enfant au sein du réseau périnatal Aurore (1). Cette généralisation a permis à près de 100 000 bébés de bénéficier d’un dépistage auditif entre 2014 et 2016. Soit la quasi-totalité (98 %) des nouveaux-nés dans les département du Rhône, de l’Ain, de l’Ardèche, la Drôme et l’Isère.
L'intérêt d'un dépistage avant 6 mois
Sur l’ensemble des nouveaux-nés testés, 4 000 (5 %) ont été référés au centre expert dans les 2 mois suivant le dépistage, et 143 (soit 1 enfant pour 700 naissances) ont été diagnostiqués sourds sévères ou profonds. Les données récoltées correspondent exactement à la prévalence de la surdité de l’enfant, « ce qui valide les procédures de dépistage choisies », explique l'établissement.
Une prise en charge avant l’âge de 6 mois, suivie le cas échéant de la pose d’un implant cochléaire, est essentielle pour le bon développement de l'enfant. Elle permet à un nouveau-né sourd de développer un langage oral normal et d'améliorer ainsi sa qualité de vie et son bien-être, relatait l'an dernier dans Pourquoidocteur le Pr Nathalie Loundon (2).
Un dépistage totalement indolore
Agir vite en la matière présente donc un intérêt qui en plus n'est pas traumatisant pour l'enfant : « Le dépistage des troubles auditifs du nouveau-né repose sur une mesure objective et totalement indolore », rappelle le Pr Thai-Van, responsable du centre expert et chef du service d’audiologie et d’explorations otoneurologiques aux HCL. Le dépistage peut être réalisé par des auxiliaires puéricultrices et il faut moins de 10 minutes pour tester les deux oreilles grâce à une procédure automatisée », conclut cette spécialiste.
En cas de suspicion de surdité, et après confirmation par un re-test, les parents sont orientés vers le centre pour un bilan approfondi et, si nécessaire, une prise en charge de l’enfant.
(1) Le Réseau Aurore regroupe 27 maternités et 12 services de néonatologie répartis dans le Rhône, l’Ain, l’Ardèche, la Drôme et l’Isère.
(2) Chef de service ORL pédiatrique et de chirurgie cervico-faciale de l’hôpital Necker Enfants Malades (Paris)
La surdité infantile en France
Chaque année, la surdité touche un enfant sur 1 000 en France. Dans une grande majorité, ils sont sourds de naissance pour des raisons génétiques (80 % des cas) ou suite à une infection virale lors de la grossesse. Lorsque la perte d’audition est légère ou modérée et qu’elle touche uniquement une oreille – ce qu’on appelle une surdité unilatérale -, un appareil d’amplification du son est suffisant. Mais pour les enfants atteints de surdité sévère voire profonde bilatérale, l’implant cochléaire est le seul moyen de sortir du silence.
En France, environ 7 000 enfants seraient implantés et près de 700 interventions sont réalisées chaque année. Pour les parents d’enfants sourds et pour les enfants eux-mêmes, l’implant cochléaire est un bouleversement. Les familles interrogées pour une enquête Ipsos réalisée pour la société MED-EL confient qu’une fois que leur enfant était candidat à la chirurgie de l’implant, ils étaient plus optimistes, combatifs et confiants. Et suite à l’opération, plus de 6 sur 10 estiment que ce dispositif a permis d’améliorer son bien-être et sa qualité de vie.