C’était il y a six ans. Un tremblement de terre de magnitude 9 sur l'échelle de Richter suivi d’un tsunami entraînaient l'un des plus graves accidents nucléaires de l’histoire. Le 11 mars 2011, cette catastrophe s’abattait sur la centrale de Fukushima Daiichi, au nord-est du Japon pour toucher, quelques jours plus tard, le cœur de son réacteur.
Six ans plus tard, tout reste à faire pour décontaminer le site, réparer ses réacteurs endommagés, évacuer ses déchets radioactifs et son million de mètre cube d'eaux contaminées. Dans l'enceinte de confinement du réacteur 2, la radioactivité atteint 650 sieverts par heure, une dose capable de tuer un humain en 30 secondes. Le chantier herculéen s’étalera sur des décennies.
La faune et la flore contaminées
Progressivement, le gouvernement organise le retour des habitants dans les zones décontaminées. A la fin du mois de mars, les habitants de la commune d'Itaté, situé à une quarantaine de kilomètres de la centrale de Fukushima, seront ainsi autorisés à regagner leur domicile.
Bien qu’assez éloignée du site, cette commune de 6000 habitants a été fortement contaminée par la radioactivité. Elle a été évacuée en avril 2011 et le gouvernement la considère désormais habitable. Règlementairement, l’exposition de la population doit y être inférieure à 20 millisieverts par an.
Dans la presse, les experts soulèvent toutefois des inquiétudes. Car si les habitations et les lieux qui accueilleront du public seront effectivement décontaminés, le reste de l’environnement reste très touché. D’ailleurs, les médias soulignent la forte réticence des habitants à regagner la région.
« Le gouvernement japonais n’a absolument pas décontaminé les forêts, et on sait que la région de Fukushima est une zone très agricole avec beaucoup de forêts avec des biotopes qui sont particulièrement sensibles à la radioactivité. Elle se dépose aux pieds des arbres et elle est transférée aux champignons, aux baies sauvages, au gibier qui mange ces baies et ces champignons », rapporte ainsi Jean-René Jourdain, de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), interrogé par France Info.
Sangliers radioactifs
De fait, la présence de sangliers fortement contaminés dans les régions évacuées confirme l’imprégnation durable de l’environnement. Des centaines de bêtes porteuses de taux de cesium 37 300 fois plus élevé que le taux moyen préconisé ont été recensées.
Par ailleurs, si certaines zones sont décontaminées, elles n’en restent pas moins situées à côté de communes qui, elles, ne l’ont pas été. Ainsi, le niveau de radiation dans la mairie de Namie s’établissait le 28 février à 0,07 microsieverts par heure, soit un taux similaire à celui du reste du Japon. Mais dans la localité voisine de Tomioka, le dosimètre affichait 1,48 - trente fois plus que dans le centre de Tokyo.