Avoir une mémoire d’éléphant ne relève pas d’un don mais bien d’une technique. Tel est en tout cas l’heureux constat que l’on peut tirer d’après une étude publiée dans la revue Neuron. En utilisant une méthode pratiquée dans l’Antiquité grecque, les auteurs sont parvenus à doubler les facultés mémorielles de personnes dotées d’un potentiel « normal ».
L’équipe a d’abord étudié le cerveau de 23 champions de la mémoire, qui ont participé à des compétitions internationales et ont obtenu les meilleurs scores. Ces participants pouvaient mémoriser en moyenne 70 mots.
Connexions
Mais à l’imagerie, les chercheurs ont observé que les zones cérébrales de ces personnes aux talents mémoriels décuplés ne manifestaient aucune différence, par rapport au cerveau du commun des mortels. En revanche, les connexions entre ces zones étaient beaucoup plus développées. Ainsi, la manière dont ces régions communiquent entre elles semble constitutive de cette mémoire hors norme.
Les chercheurs ont ensuite réuni 51 participants, à qui ils ont fait passer des tests de mémoire. En moyenne, les participants pouvaient retenir une vingtaine de mots. Puis, ils ont été divisés en trois groupes. Le premier n’a rien fait de spécial pendant 40 jours. Le deuxième a réalisé des tests traditionnels de mémoire et le troisième a appliqué la méthode des loci, également appelée « palais de la mémoire ».
Celle-ci consiste à associer à un élément à retenir (en l’occurrence, un mot) un endroit bien spécifique. Pour s'en souvenir, il faut alors se remémorer l'endroit où cette information est stockée et se déplacer mentalement dans son palais.
35 mots supplémentaires
Après cet entraînement, les participants qui ont utilisé cette technique ont réussi à retenir 35 mots de plus, soit plus de 60 – presque autant que les champions de la discipline. Le groupe qui a réalisé les traditionnels exercices de mémoire n'a amélioré son score que de 11 mots.
A l’imagerie, les chercheurs ont pu constater que les connexions cérébrales de ces participants s’étaient démultipliées, à l’image de celles que l’on retrouve dans le cerveau des champions. Les auteurs estiment que si cette méthode doit encore prouver son efficacité au sein d’autres études, elle représente un espoir raisonnable pour toutes les personnes qui veulent améliorer leur mémoire.