- Le glaucome est une maladie du nerf optique. Il se dégrade lentement, ce qui réduit le champ visuel. A terme, les patients deviennent aveugles.
- Après 40 ans, 1 à 3 % de la population est touchée par le glaucome.
- Il s'agit de la deuxième cause de cécité en France.
- 90 % des glaucomes sont des formes chroniques à angle ouvert.
« Ne laissez pas le glaucome vous voler la vue. » Du 13 au 18 mars, l’Union nationale des Aveugles et Déficients Visuels (UNADEV) joue la prévention. Au volant d’un bus, une équipe de spécialistes de la vue va parcourir la France pendant un mois. Les Français pourront s’y faire dépister.
L’objectif : améliorer le diagnostic précoce de cette maladie à vie. Sur le million de patients touchés par un glaucome, la moitié ignore en souffrir d’après l’UNADEV. Les conséquences sont lourdement handicapantes : le nerf optique se détériore progressivement, aboutissant à une cécité.
Mais ce n’est pas une fatalité. Pris en charge à temps, le glaucome peut être ralenti, comme l’explique le Pr Florent Aptel, ophtalmologiste à l’hôpital Michallon (Grenoble, Isère).
Quel est le bilan du dépistage du glaucome ?
Pr Florent Aptel : Le dépistage n’est pas organisé en France, contrairement au cancer du sein, par exemple. La seule campagne de dépistage, c’est celle qu’on organise avec le bus itinérant qui passe de ville en ville. Il faut améliorer cela : beaucoup de cas sont diagnostiqués tardivement et arrivent déjà aveugles chez l’ophtalmologiste. La maladie évolue longtemps et de façon silencieuse. Les glaucomes sont donc très évolués, et on a du mal à les traiter. Souvent, les gens sont diagnostiqués tardivement, d’autant que l’accès aux ophtalmologistes est difficile. Il faut sensibiliser le grand public.
Quelles sont les personnes à risque ?
Pr Florent Aptel : Le risque augmente avec l’âge, il faudrait dépister à partir de 50 ans. Les personnes très myopes, les gens qui ont un glaucome dans leur famille sont à risque élevé. C’est très souvent héréditaire et le fait d’avoir des glaucomes chez ses parents ou grand parents multiplie par cinq à dix le risque. Enfin, les gens qui ont la peau noire – originaires d’Afrique centrale ou des Caraïbes notamment – ont un risque plus élevé.
Comment dépiste-t-on un glaucome ?
Pr Florent Aptel : C’est rapide, indolore et sans risque. On mesure la pression intraoculaire, qui est augmentée en cas de glaucome. On regarde le nerf optique à l’aide d’un examen du fond de l’œil. On met une lentille devant l’œil et on regarde directement sans dilater la pupille. Cela n’empêche donc pas les patients de conduire ou rentrer chez eux. Eventuellement, on fait une photo du nerf optique ou un examen du champ visuel. On montre des points lumineux aux patients et on leur demande s’ils les voient ou pas.
Le glaucome est-il toujours incurable ?
Pr Florent Aptel : On ne peut pas parler de guérison. Dans le meilleur des cas, on peut stabiliser la maladie. Mais le glaucome est irréversible : ce qui est perdu est perdu. Comme c’est une maladie du nerf optique, on ne guérit jamais. Mais en baissant la pression, on évite l’évolution dans le meilleur des cas.
La chirurgie est-elle risquée ?
Pr Florent Aptel : Il y a eu des avancées pour la chirurgie du glaucome. On opère l’excès de pression dans l’œil avec une petite ouverture dans la paroi de l’œil. C’était l’opération conventionnelle, assez difficile et pas sans risque.
Les hospitalisations sont longues, il y a des complications, des reprises… Depuis quelque temps, on dispose de petits drains qu’on insère dans la paroi de l’œil. Ils sont miniaturisés et en polymère. Par ce drain, le liquide dans l’œil s’évacue à l’extérieur. La chirurgie est plus simple, plus rapide, moins risquée et on peut la faire en ambulatoire.