Ces lignes blanches qui délimitent la raquette ou les buts sont connues de la plupart des écoliers. Les terrains de basket ou de foot sont dessinés sur la majorité des cours d’école. Et pourtant, nos chères têtes blondes ne bougent pas assez. Lors de la récréation, seul un enfant sur deux joue en plein air.
Ces chiffres inquiètent la Fédération Française de Cardiologie. A l’occasion des Parcours du cœur, qui se tiennent du 18 mars au 14 mai, la FFC tire la sonnette d’alarme. Elle lance une campagne destinée aux parents : elle les invite à laisser leurs enfants prendre des risques.
« Laissez-les tomber »
De fait, les performances sportives des jeunes sont en chute libre. En 1971, il fallait 3 minutes aux adolescents pour parcourir 800 mètres. Aujourd’hui, 4 minutes sont nécessaires pour accomplir le même trajet. Ils courent moins vite, mais aussi moins longtemps, rappelle la FFC.
Dans le spot télévisé de 30 secondes, plusieurs enfants sont donc mis en scène. Un trio à vélo, un groupe joue au ballon. Tous chutent au cours de leur exercice. Puis, dans l’obscurité, un gamin, seul, sur sa console. Il est, paradoxalement, le plus à risque de tous ces exemples. Et pour cause : il ne bouge pas suffisamment.
Les recommandations sont pourtant claires : entre 5 et 17 ans, 60 minutes d’activité physique sont conseillées chaque jour. Mais l’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé n’est pas vraiment écouté. Seule la moitié des jeunes Français l’applique. Ils sont encore moins nombreux à l’adolescence : 14 % des garçons et 6 % des filles se bougent une heure par jour.
Des trajets motorisés
En réalité, la sédentarité est générale chez nos têtes blondes. Pour aller à l’école, moins d’un tiers des collégiens utilise ses pieds… 4 % un vélo ou une trottinette. La voiture est donc, de loin, le véhicule privilégié. Comme le rappelle le Pr François Carré, cardiologue au CHRU de Rennes, cette immobilité est contre-productive.
« Les humains sont faits pour bouger, et en particulier les jeunes, c’est physiologique, souligne-t-il dans un communiqué. C’est à nous de prendre la santé de nos jeunes en main, de les aider à renouer avec l’activité physique et le plaisir qu’elle procure. » Car à l’heure actuelle, c’est le plaisir des écrans qui est privilégié : les mineurs passent 3 heures en moyenne devant un appareil électronique. Le week-end, cela peut aller jusqu’à 6 heures.
Des risques cumulés
Or, nombre d’études le soulignent : rester assis trop longtemps est néfaste pour de nombreux indicateurs de santé. Et ce, sur le long terme. Mieux vaut donc partir du bon pied. En effet, « à la sortie de l’adolescence, on est au maximum de ses capacités cardiorespiratoires », indique le Pr François Carré. Elles déclinent ensuite à partir de 35 ans. Partir d’un niveau plus élevé limite donc les risques à un âge plus avancé.
Ce paramètre est d’autant plus important que les adolescents cumulent les comportements peu recommandables. En plus de passer trop de temps devant les écrans, ils fument beaucoup. Un tiers des jeunes de 17 ans se grille au moins une cigarette par jour. Un autre facteur de risque majeur pour la santé cardiovasculaire.
Retrouvez l'émission L'invité santé
avec le Pr François Carré (Rennes)
diffusée le 31 mars 2016 :